Accueil > Été 2016 / N°36

Inflitration dans un groupuscule radicalisé

Avec le fan-club de Carignon

À Grenoble, la gauche a quand même bien de la chance : cela fait quinze ans qu’elle peut compter sur Alain Carignon pour favoriser ses succès électoraux. Depuis sa condamnation à vingt-neuf mois de prison dans les années 1990, le simple nom de l’ancien maire de Grenoble (de 1983 à 1995) crée de telles divisions dans la droite grenobloise qu’elle est incapable d’espérer reprendre le pouvoir municipal. Après de multiples tentatives de retour ratées, Carignon est repassé à l’offensive depuis mars dernier. Il a créé un « comité de ville des Républicains 38 », censé « faire entendre la voix des Républicains dans le débat municipal et contribuer à l’élaboration d’un projet alternatif ». Fin mai, il organisait une réunion publique qu’un stagiaire du Postillon est allé couvrir. Après avoir enchaîné sur un tractage, il révèle – pour vous lecteurs - certains détails de la vie interne de ce groupuscule radicalisé.

Si t’es là, c’est que t’as les bonnes idées ». C’est comme ça qu’on m’a accueilli ce mercredi 25 mai. Le Boeuf au Comptoir, un café-restaurant de l’avenue Félix Viallet, organise ce soir un « café-débat » avec une star locale. Alain Carignon, le bien connu ancien maire et ministre, invite son fan-club à venir discuter sur le thème « Quel Grand Grenoble demain ? ». Je m’y suis donc pointé. Vu que je pense que Carignon apprécie Patrick Buisson, l’ancien conseiller de Sarkozy, j’ai décidé d’employer les mêmes méthodes que lui : j’ai un enregistreur dans ma poche.
Aux premières personnes que j’aborde, j’explique être un étudiant en train de se politiser. J’affirme avoir découvert l’annonce de cette soirée sur Grenoble le Changement, site internet supposé être issu d’un « collectif de citoyens et de militants ». C’est à ce moment qu’on me félicite pour la qualité de mes idées supposées. C’est bien la première fois que ça m’arrive, tiens !
Il y a environ une quarantaine de personnes, surtout des personnes âgées, notamment des femmes folles amoureuses de Carignon. L’une d’entre elles sort une boîte d’allumettes avec sa photo en s’extasiant : « Regardez, on avait fait sa campagne, il était mignon, il avait 35 ans ! [...] Avant j’en avais plein, pour les élections on était tous les jours en campagne avec mon mari, toutes les nuits à tracter, à coller [...] C’est vieux hein pffff, il me manque à la place du connard [NDLR : elle parle de Piolle]. »
Le sujet de la nouvelle municipalité revient régulièrement dans les discussions, qui sont parsemées de jolies expressions comme « c’est l’anarchie »,« eh ben voui tout a changé hein », « ah ! le laxisme », « comment on fait pour pas se faire écraser sur les trottoirs avec les vélos, les trottinettes et les chiens, on sait plus où marcher ! ».

Une dizaine de membres actifs

Assez naturellement, je me rapproche des quatre jeunes présents ce soir, et commence à papoter. L’un d’eux me fait un topo des forces en présence : « Officiellement on n’a pas loin de trois cents adhérents aux Jeunes Républicains. Dans les faits les personnes qu’on voit aux réunions, sur le terrain, ça dépasse jamais les vingt-cinq personnes pour l’agglomération grenobloise. Et on est une dizaine vraiment impliqués ». Une dizaine de jeunes militants pour une agglomération de cinq cent mille habitants : quand je vous dis que c’est un groupuscule.
Clément Chappet, étudiant en droit, est le nouveau président des Jeunes Républicains de l’Isère. Il a bien la tête de l’emploi : « Moi j’ai adhéré pendant l’affaire Bygmalion [...]. J’ai trouvé ça trop nul que la principale force d’opposition s’effrite, alors je me suis dit ‘‘ben je vais adhérer on verra ce que ça peut faire’’. [...] Je me suis vite pris au jeu : c’est une aventure humaine. Aux régionales, je me suis retrouvé à être le chauffeur de Yannick Neuder [NDLR : vice-président de la région], qui voulait s’entourer de jeunes pour sa campagne [...]. Dans la voiture il passait ses coups de fil donc j’étais dans les coulisses de la campagne, c’était sympa ».
On sort prendre un peu l’air. Après avoir pris mes coordonnées, me faisant profiter au passage de son magnifique fond d’écran où l’on peut le voir bras dessus bras dessous avec Wauquiez, Clément propose de m’acheter deux clopes pour un euro. Je veux lui donner. Il refuse : « Je vais pas commencer à te taxer avant même que t’aies mis un pied dedans, ahah ». Une photographe se moque de l’organisation un peu bordélique de la soirée : « C’est à la ‘‘one again’’ quoi, à la ‘‘one again bistoufly’’ [...] c’est juste ‘‘Hélène Tavelle organisation’’ c’est la loucedé ». Hélène Tavelle est
effectivement l’organisatrice de cette sauterie : ancienne femme de Michel Tavelle (le directeur de communication de Carignon puis de l’UMP 38) elle a l’air plus intéressée par les cocktails et les
mondanités que par la politique : sur son compte Facebook, elle multiplie les photos de soirées VIP entre Lyon et Grenoble. On recommence à parler politique avec les jeunes : « Le local c’est hyper important. C’est comme ça que tu montes au national hein, regarde Carignon, il a commencé ici à Grenoble pis il a été ministre de l’environnement et de la communication ». Un jeune tente une blague sur son plus haut fait d’armes national : « C’est notamment lui qui nous a dit que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à la frontière ». Un autre le défend : « mais on l’a obligé à le dire ».
Je tente un sondage pour leur favori aux primaires : Sarkozy fait l’unanimité. Ils parlent avec des étoiles dans les yeux de la présidentielle, et des législatives à venir : « à partir de septembre, si tu t’engages, on est parti pour un an non-stop donc y’aura des choses à faire là ! » Et le site internet Grenoble le Changement, comment ça marche ? « C’est Carignon et son équipe, principalement trois personnes dont François Tarantini et Kitty Lequesne. C’est la page politique de l’agglo la plus suivie et ça touche pas mal de personnes différentes. L’opposition à Grenoble de toute façon c’est Carignon. Il y a une opposition municipale de droite au Conseil municipal qui est très peu active ».

Le sauveur suprême veut ramasser les ordures

Sur ces considérations, arrive enfin le moment tant attendu : le grand leader Carignon va commencer son discours. Debout avec son micro, il harangue son fan-club, attablé en train de manger ou accoudé au comptoir.
C’est long, soporifique, taillé à la hache : bref ça ressemble à un discours de campagne. Carignon saute du manque de nuitées d’hôtels à la « bétonisation », de la lutte pour la « prospérité » à la fermeture de la salle Le Ciel-que-c’est-lui-qui-l’avait-créée, des tarifs de stationnement aux arrêtés d’interdiction d’ivresse, de l’insécurité à l’afflux considérable de sans-papiers. Devant le tableau apocalyptique dressé, il affirme : « Il faut dire aux gens de ne pas quitter Grenoble car elle peut redevenir dynamique, elle peut retrouver sa valeur. En 1983 on disait que Dubedout était imbattable et on l’a fait ! » Tout le monde applaudit.
Malgré ce discours offensif, il assure qu’il n’est « pas prêt à revenir sur la scène politique ». Personne ne rigole. Alors il continue à tailler Piolle et son équipe : « Pour ramasser les ordures aujourd’hui ils ne savent pas faire, ils n’arrivent pas depuis deux ou trois ans à faire que la ville soit propre. Par contre pour préparer ‘‘le monde de demain’’, ils sont là, mais en attendant il faut souffrir, on ne peut plus rouler. Sur ce qu’il faut faire en 2030/2040, ils sont très précis : plus c’est loin plus c’est précis, par contre résoudre les problèmes d’aujourd’hui, ça c’est autre chose ».
Enfin, il passe aux solutions : « Il y a un site qui s’appelle Grenoble le Changement qui, tous les jours, quotidiennement, est alimenté en informations, il faut le partager avec tous ses amis. [...] Ensuite nous allons multiplier les réunions, nous allons commencer à nous adresser aux Grenoblois. [...] Les possibilités faut aller les chercher, pas en vélo, pas en trottinette hein ! Faut aller chercher ce développement, c’est le rôle du maire, faut aller chercher les congrès ! »
Et ça continue, encore et encore, mais ça passionne de moins en moins les jeunes, qui s’éclipsent discrètement dehors. Comme je n’aime pas me sentir seul, je les suis. Ils commentent un peu : « Officiellement Carignon n’a aucune ambition, officieusement on sait pas... Si Sarkozy gagne il y a peut-être des choses pour lui. »

« Le clientélisme, tout le monde fait ça »

Sur les quatre membres présents, trois sont étudiants en droit et habillés en polo Ralph Lauren. On évoque Sciences Po, infesté par « l’extrême gauche », où « tous les profs sont marxistes », les « blocages pitoyables », les militants contre la loi travail « bloqués dans leurs idées ». Et on en vient à la fameuse subvention de 50 000 euros votée par la nouvelle majorité de droite du conseil régional à l’Uni. Vu que ce syndicat étudiant est de droite, l’importance de cette subvention a beaucoup fait jaser. « Ils ont coupé plein d’assos qui étaient bien politisées pour donner à des assos de droite... C’est du clientélisme mais tout le monde fait ça ».
En parlant de gros sous, j’apprends que les Républicains de l’Isère ont eu quelques soucis financiers à cause d’une photocopieuse. L’ancien président Jean-Claude Peyrin s’est fait arnaquer en prenant un contrat coûtant 23 000 euros par an alors qu’elle est souvent en rade. En ce moment elle ne marche pas du tout. Eux aimeraient que l’argent soit mieux dépensé : « On essaie de négocier pour mettre une Xbox dans le local parce qu’il y a des aprems, on se fait chier ! ». Une affirmation à tempérer, car être militant de droite en Isère a quand même l’air d’être sacrément fendard. Aymeric Sol, le président de l’UNI38, m’explique : « On vient de Haute-Savoie, c’est une terre de droite. C’est verrouillé depuis je sais pas combien de temps, et il n’y a même plus d’opposition PS au département. Les Jeunes Républicains se font de temps en temps un petit débat, un petit café, mais presque rien. À Grenoble au moins, il y a plein des choses à faire : tout est à reprendre »
Les élections municipales de 2014 sont un mauvais souvenir : « Ça a été la pire campagne, le pire score de la droite à Grenoble depuis la Libération, voilà, mais on sait qu’on peut pas tomber bien plus bas ». En cause : les « divisions de la droite » qui se sont « calmées un peu depuis », mais « depuis deux mois c’est reparti pour plusieurs raisons ... ». En fait surtout parce que Carignon a monté son « comité de ville » et que ça a exaspéré les membres de l’opposition de droite au conseil municipal.
Si les jeunes ont peu d’estime pour ces derniers, ils chérissent par contre l’opposition de droite à la Métropole : « On les voit beaucoup plus, sur Facebook notamment. Ils attaquent et ils font des campagnes correctes. Prendre Grenoble en 2020, c’est bien mais faut prendre aussi la Métro [...]. Les Verts mine de rien à Grenoble il y a un ras-le-bol général:les gens comprennent la connerie que ça a été de les mettre au pouvoir en 2014. Là il y a un coche à ne pas manquer mais le problème c’est que si on recommence sur les mêmes divisions qu’on a eues en 2014 ça va être le PS qui va prendre la place : c’est pas mieux. […] Moi quand je suis arrivé je l’ai dit : on s’en fout de vos querelles, nous on bossera avec ceux qui bossent, on prend les choses avec pragmatisme. Lui il fait quelque chose qui va dans le sens de nos valeurs, donc on a bon espoir pour 2020 ».
Clément embraie sur la stratégie : « Faut que d’ici deux ans une tête de liste solide ait émergé, qui viendrait de la société civile, genre un avocat, un notaire, un médecin assez réputé. [...] Chamussy, j’ai rien contre lui, personnellement c’est quelqu’un qui est gentil. Sur les dossiers de fond il maîtrise parfaitement, mais il n’a pas le charisme, il n’a pas assez le contact humain pour mener une liste. Adjoint aux finances, il serait parfait mais tête de liste non [...] On n’en a aucune idée de qui ce sera. Mais il y aura des rôles à prendre, notamment pour les jeunes. »
Pas d’idée de tête de liste, mais la conversation continue à tourner autour d’un seul homme : « Alain Carignon organise en ce moment des réunions non publiques. C’est sur invitation avec des cercles assez restreints d’avocats, de responsables d’agences immobilières et compagnie. Mais là, ce soir, c’est la première intervention publique qu’il fait depuis les dernières municipales, je crois.[...] Et on voit qu’il est bon quand même hein, ah il est sacrément bon ».

« On est à la limite du fanatisme avec Carignon »

Mes interlocuteurs ne sont pas encore des « jeunes actifs », cette branche de « trentenaires membres des Républicains réputés être sur le marché du travail » (sous-entendu en opposition avec la majorité des adhérents retraités). Ils parlent un peu de boulot, l’un d’eux veut aller bosser à Take it easy, une boîte de livraison de bouffe à vélo (!) « mais faut que je voie parce qu’il faut prendre le statut d’auto-entrepreneur et je perds plein de trucs ». Aymeric, Franco-Suisse, s’enorgueillit d’avoir « des allocs en Suisse et pas en France ». Devant le « escroc ! » qui fuse, en rigolant, il répond : « Ah on prend le boulot là où il est hein, pi là-bas ils payent mieux ».
À propos des jeunes actifs, Sébastien fait une bonne blague : « Tu fais une soirée avec Alain et tu deviens un jeune passif »... Rire général, mais Clément prévient « Arrête de parler trop fort ça va tomber dans les mauvaises oreilles, tu vas être content... ». Sébastien répond : « Faut le prendre au trentième degré ».
La conversation revient sur le héros du jour. Sébastien : « On est à la limite du fanatisme avec Carignon ». Clément : « Tu l’écoutes dix minutes tu sais comment il a pris Grenoble au premier tour en 1983 [...]. C’est un animal politique, à peine sorti de prison, il était déjà reparti, il mourra en faisant ça ». Sébastien : « Même Napoléon se serait inspiré de lui » (rires).
On rentre dans la salle pour dire au revoir. Les « vieux » sont en train de manger. L’un d’eux nous accoste : « On a besoin de jeunes juristes pour rédiger un recours à Nuit Debout ». Clément acquiesce : « Ah bah ouais avec plaisir, ça fera une bonne expérience ». Mes compagnons du soir me proposent d’aller manger au Mc Do, je décline. Par contre, j’accepte l’invitation pour faire un tractage le lundi d’après.

À quand l’arrêt de tram « Alain Carignon-Maison du tourisme » ?

Le jour dit, j’arrive à 13h30 au siège départemental, place Paul Vallier, toujours avec mon enregistreur dans la poche. « T’étais jamais venu ? [...] Bah c’est un peu la grotte, ça fait un peu sale, ça fait pas rêver et encore on cache les endroits les pires. Par exemple, j’y ai passé une journée j’pense que j’ai chopé des maladies (rires). C’est affreux, mais bon, on paye pas cher et il y a de la place ».
Dans la salle de réunion, il y a un « point presse » où je vois surtout des exemplaires du Point et de Valeurs actuelles. Un plus ancien arrive : « Bonjour les jeunes, oh ça manque de filles ! ». Ça fait pas trop rire Clément, qui lance : « On y a droit à chaque fois ». Le vieux revient à la charge - « c’est pas normal ça ! » - et part en sifflotant le Chant des partisans.
Pour le tractage, on se sépare en deux équipes, une va à l’Ile Verte, et j’accompagne celle qui s’occupe de Saint- Bruno. Depuis l’invasion des digicodes et des badges, c’est compliqué de rentrer dans les immeubles. Alors je demande naïvement : « Vous dites quoi pour rentrer à l’interphone ? ». Nicolas me répond : « Bah qu’on distribue des flyers pour un concert ou un truc comme ça ». Sébastien enchaîne : « T’as qu’à dire que c’est pour le programme de l’Ampérage ou du Drak’Art », ce qui ravit Nicolas : « Ben oui c’est que des trucs de bobo et là c’est des quartiers bobo ».
On passe devant l’arrêt de tram Hubert Dubedout et Nicolas balance : « On s’est dit que le jour où la droite repasse à Grenoble, on va le renommer ‘‘Alain Carignon’’ ». À 14h, on reçoit deux SMS de Clément, présent dans l’équipe de l’Ile Verte. Le premier indique le plan du boîtage et l’autre demande « Prenez plusieurs photos de vous en pleine action svp ;) ».
Je ne comprends pas tout aux discussions qui, à un moment, s’attardent sur le nombre de « likes » à atteindre sur le compte Facebook du BDE Droit, selon les directives de Thierry Kovacs, président des Républicains 38. « Le BDE Droit est ouvertement soutenu par les Réps ou l’UNI ? », je demande. Nicolas affirme : « Pas ouvertement, mais ça reste quand même sous notre giron. Mais ça, les adhérents le savent pas forcément ».
Dans le tram, des enfants s’assoient près de nous et discutent dans une langue étrangère. Regards insistants et haussements de sourcils de la part de Nicolas. On arrive à Saint-Bruno, et en sortant, il me lâche un petit « Ça vient de l’Europe de l’est, ça ».

De l’argent liquide sorti des « caisses noires » ?

Le boîtage commence, comme prévu on « distribue des flyers pour un concert ». Au passage, on arrache les affiches pour la Fête des tuiles et pour Nuit Debout. On bourre de tracts les boîtes aux lettres des locaux du PS et de EELV en prenant des photos. À 14h30, Sébastien nous quitte pour aller à sa leçon de piano.
On fait une halte chez Florence, la fille de Jean-Pierre Barbier, qui nous offre des Leffe Ruby (je refuse poliment, j’ai horreur de ça). L’équipe de l’Ile Verte nous rejoint. Florence s’excuse de ne pas être venue à la visite que les Jeunes Républicains ont fait samedi dernier à Vienne, le fief de Thierry Kovacs (président des Républicains 38) : « Ça avait l’air intéressant, non ? »
Nicolas : « Il nous a montré le temple romain, la cathédrale, le théâtre machin, pis après on est allé manger avec Kovacs [...] On n’a pas fait grand chose mais bon on est restés pas mal de temps à table, c’est tout lui qui a payé alors je sais pas comment il a fait. (…) On était une vingtaine et il a tout payé, lui, donc soit c’est la région soit c’est des caisses noires [...]. Et tu sais pour l’hôtel de Rivaton [NDLR : économiste qui avait fait une conférence le jeudi d’avant au Fontanil] ? Normalement c’était la fédé qui devait payer pour la conférence et il m’a dit ‘‘c’est pas possible’’ du coup il m’a filé 150 euros en liquide. Parce que c’est moi qui ai avancé l’hôtel du coup, en liquideil m’a sorti 150 euros, j’sais pas d’où il les sort mais… haha ». Le mystère reste entier.
Clément a tout d’un coup une idée de génie : « Venez on encule Richard Cazenave [élu républicain ennemi de Carignon, probable candidat aux législatives] ! On finit de distribuer les tracts, comme ça, ça rentre dans ses comptes de campagne pour les législatives ». Toutes les actions réalisées un an avant une élection avec un logo du parti sont en effet comptées sur les comptes de campagne du candidat de ce parti. Les autres disent que ce sera sûrement pas lui, vu que le maire de Corenc,
Jean-Damien Mermillod-Blandin, s’est également positionné sur cette première circonscription. Si Cazenave est candidat, il sera sûrement indépendant, donc pas lié aux dépenses des tracts des Républicains. Clément finit par admettre « non on va pas faire ça » avant d’émettre l’hypothèse : « On encule l’un et l’autre »... Finesse.
Mais son cerveau déborde décidément de trouvailles : « On a un excellent plan Twitter pour enculer Back pour le prochain conseil municipal [NDLR : Antoine Back est un conseiller municipal de la majorité à Grenoble, connu pour ses tweets polémiques balancés en plein conseil]. On a trois semaines là, cette semaine on fait chacun genre deux/trois faux comptes genre éco-citoyens-machin-grenoble-à-vélo-et-tout. On tweete des trucs écolos et le jour du conseil on tweete que des trucs contre Back avec le #CMgrenoble #TweetComeBack. On lui envoie plein de trucs dans la gueule, on fait des montages photos, on l’encule et vu qu’il est Front de gauche, ça va peut-être un peu attiser les tensions entre EELV et Front de gauche, on va voir ... ». Ah, la beauté du combat politique.
En rentrant à la « fédé », Nicolas manque de se vautrer à cause d’un pavé qui dépasse. Les blagues fusent : « On va le dire à Grenoble le Changement, les pavés sont démis à Grenoble j’ai failli me casser la gueule ! ». Clément relance : « Ah ouais bah envoie ça à Carignon. [...] Il est tous les jours dans la rue à prendre des photos. Il va loin hein, il a fait une vidéo de deux trois minutes où il filmait les merdes de chien au Jardin de ville pour montrer que c’était mal entretenu. On reconnaît ses chaussures sur la vidéo c’est assez drôle. Ah non il est à fond ! ».
On sent ici une petite pointe d’ironie. Décidément même ses jeunes fans n’ont plus de respect envers l’ancien homme tout-puissant de Grenoble : tout fout le camp...