Accueil > Février / Mars 2016 / N°34

Les cathos veulent-ils fermer Minatec ?

J’en avais marre de m’intéresser aux dévots des nouvelles technologies, à ceux qui pensent que le salut ne viendra que de l’innovation, qui considèrent qu’il y a une vie numérique après la mort sociale. Alors je suis parti à la rencontre d’autres croyants, plus classiques, pour leur demander ce qu’ils pensaient de l’avènement du Dieu Innovation.

On reçoit de temps en temps à la rédaction des coups de fil étonnants. Cet automne, c’est la revue Limite qui nous a laissé un message pour nous poser quelques questions. J’imagine que vous ne connaissez pas cette revue nationale, vu qu’elle n’existe que depuis septembre 2015 et que sa diffusion est limitée ; eh bien sachez qu’elle est faite par des « chrétiens décroissants » ( [1]). Original, non ?

Ils revendiquent être ni plus ni moins la « génération Pape François » : le pape-star a en effet marqué certains esprits cet été en publiant une encyclique (lettre adressée à tous les fidèles), baptisée Laudato Si’. Il y appelle à « accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde » et il assène que « la soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l’échec des sommets mondiaux sur l’environnement ». Certains l’ont lue comme un manifeste anticapitaliste ; c’est en tout cas assez original de la part de l’autorité morale des catholiques, dont beaucoup « soumettent la politique à la technologie et aux finances » et occupent de bonnes places dans le système productiviste qui domine nos vies. Je ne sais pas si ce texte va changer grand-chose : depuis la nuit des temps les cathos sont officiellement tous pour le partage et la solidarité, ce qui n’a pas empêché nombre d’entre eux d’être de véritables rapaces. Mais l’encyclique a au moins le mérite de mettre en lumière certaines contradictions auxquelles les catholiques n’échappent pas.

Limite voulait questionner Le Postillon autour d’un article portant sur « l’esprit Silicon Valley » qui se développe à Grenoble comme ailleurs (voir J’ai rencontré #Ceuxquifont (de la merde) dans Le Postillon n°30). Après avoir répondu, j’ai tenté de retourner l’interview en leur posant à mon tour quelques questions. En bon grenoblois, j’aime tout ce qui est « innovant » et voulais donc savoir s’il était possible de rencontrer des personnes de leur « mouvance » dans la région grenobloise. Paul Piccarreta, le directeur de la revue au bout du fil, n’en connaissait pas.

Se faire payer un coup par un prêtre

Alors je me suis mis en quête. Mon envie, c’était de trouver des chrétiens décroissants grenoblois et d’avoir leur avis sur les spécialités locales : la religion de l’innovation technologique, les industries productrices de puces électroniques, les start-ups développant la vie numérique. De savoir s’ils pensaient qu’il fallait notamment fermer Minatec (le premier pôle européen pour les micro et nanotechnologies), ce symbole de la fuite en avant technologique, dont l’inauguration en 2006 avait entraîné pas mal de protestations, mais qui n’est plus trop un sujet de débat depuis.

J’ai un copain qui est toujours partant pour les coups foireux. En plus il a une tête d’enfant de chœur. Alors je l’ai invité à aller passer une soirée dans le bar catho de Grenoble, situé rue Beyle-Stendhal. Il est géré par Isèreanybody, la branche « jeunes » de l’Eglise catholique en Isère, qui organise des ateliers, des week-ends, des « caravanes processionnaires », et des messes « fun ». Tous les dimanche soir, cinq cent personnes se pressent dans l’église Saint-Joseph pour assister à une messe animée par des jeunes. Et puis presque tous les vendredis soir, il y a un concert au bar ; ce soir-là c’était un groupe de reggae. Au-dessus du bar, il y a une citation de Benjamin Franklin : « La bière est la preuve que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux ». Sur un mur, plein d’extraits de la Bible, dont le fameux : « donne-moi à boire ». Au bar, il y a de la Mandrin à la pression, mais pas de sang du Christ.

Pas grand-monde ce soir, on tente timidement d’aborder quelques personnes, pas vraiment bavardes sur notre sujet, jusqu’à ce que l’organisateur du concert - qu’on a également croisé dans des squats - nous conseille d’aller causer au curé.
Loïc Lagadec est un prêtre bien dans son époque. La petite quarantaine, cet ancien étudiant en management, très dynamique, utilise plein de mots d’anglais et adore boire des bières. Généreux, il nous en paye une pour taper la causette. Au début, il y a incompréhension, car quand on lui parle d’écologie, lui et deux autres jeunes présents pensent qu’on parle du parti Europe-écologie-les-Verts... Monsieur le curé est très bavard, mais pas très calé sur les questions écologiques, qui ne le touchaient pas trop jusqu’à l’encyclique du pape. Pour lui, « c’est le début de quelque chose », mais « tout reste à faire ». Comme beaucoup de ses contemporains, il a aussi ses contradictions : « J’ai un Iphone et j’en suis très content. Mais l’autre fois, j’ai vu une émission à la télévision [NDR : Cash investigations du 3/11/2015] parlant de leurs conditions de production, où on voyait qu’ils faisaient travailler des enfants. En tant que catholique, je ne peux pas cautionner ça. Mais en même temps, l’Iphone, j’adore, je m’en sers pour aller sur Facebook et pour consulter ou citer la Bible. C’est très pratique. »
Et puis on a bavassé de Jacques Ellul, penseur chrétien écolo, et de tout et rien. Alors qu’on partait, il nous a demandé si on voulait débattre de ces questions avec l’évêque du diocèse de Grenoble-Vienne, Guy de Kérimel. Pourquoi pas ? Mais quelques jours plus tard, Loïc Lagadec nous a répondu par mail : « il n’est pas bien chaud ; il ne se sent pas assez à l’aise sur le sujet ».

Beaucoup de cathos de gauche à Grenoble

Raté pour l’évêque. Un autre prêtre grenoblois, Philippe Mouy, qui avait organisé en novembre dernier un forum « chrétiens et environnement » au centre œcuménique Saint-Marc, a bien voulu en causer. Lui est enthousiasmé par l’encyclique et précise : « Les chrétiens ne sont pas innocents dans cette affaire-là, ils ont leur part de responsabilité. Dans la bible c’est écrit : ‘‘dominez la création’’, ‘‘soumettez la nature – faites-la fructifier’’. Donc c’est bien qu’il y ait un autre discours porté par le pape. » Par contre il ne pense pas que le pape soit technophobe, plutôt pour des innovations respectueuses de l’environnement. Lui ne remet pas en cause la fuite en avant technologique à la grenobloise, mais pense qu’il faut la « réorienter ».

Nicolas est un jeune catholique actif, bien plus intéressé par les questions écologiques que par celles de la manif pour tous. Fin novembre dernier, il avait organisé une « prière pour le climat » juste avant la Cop 21 et participé à l’organisation de la marche pour le climat. Minatec et le complexe techno-industriel, il ne sait pas trop quoi en penser : il vient d’arriver sur Grenoble pour ses études, a entendu parlé des oppositions, mais n’a pas eu le temps de se forger sa propre opinion. Par contre, il est assez bavard sur l’écologie chez les chrétiens : « pour certains, il y a une forme d’indignation à géométrie variable. Ils peuvent se dire très écolos pour les questions ‘‘pro-vie’’ [NDR : la lutte contre l’avortement et la reproduction artificielle] autour de l’avortement, et beaucoup moins par ailleurs. Après il y en a de très sincères, qui ont commencé leur engagement au moment du mariage pour tous et qui depuis élargissent leur champ de réflexion et traitent de plein d’autres sujets. (…) C’est compliqué comme question car il y a une très grande diversité, de milieux sociaux, d’opinions politiques. » Il enchaîne sur une analyse de « l’écosystème chrétien » à Grenoble : « ici c’est très différent du reste de la France, où les chrétiens sont souvent bourgeois et conservateurs. à Grenoble, il y a beaucoup de chrétiens de gauche, le mouvement de la manif pour tous a eu beaucoup moins de succès ici qu’ailleurs. Au niveau de l’écologie, il y a une grande figure locale mais méconnue : il s’agit de Jean Bastaire, un ‘‘socialiste libertaire’’ converti au christianisme et qui a posé les fondements théologiques d’une ‘‘écologie chrétienne’’ ». Ce penseur se sentait d’ailleurs un peu seul sur ces questions : « Je rame depuis près d’un quart de siècle sur l’océan de l’écologie chrétienne ».

Outre Emmanuel Mounier ( [2]), chrétien de gauche grenoblois connu, d’autres ont occupé des places importantes. Sous la municipalité Dubedout, plusieurs élus étaient de fervents catholiques, « mais sans jamais faire de prosélytisme. Certains, je les ai connus pendant des années avant de savoir qu’ils étaient croyants », nous assure Pierre Frappat. L’auteur de Grenoble, le mythe blessé, également ancien conseiller municipal, vient de publier Géo Boulloud, le métallo de Dubedout. Ce livre retrace l’histoire d’un adjoint de Dubedout, le « type d’homme qui ne se rencontre plus guère : militant, ouvrier, chrétien ». Et c’est vrai qu’il parle d’une époque révolue, où de grandes grèves ouvrières agitaient Grenoble, ou la JOC (jeunesse ouvrière chrétienne) était très active. Trajectoire surprenante - quoique assez fréquente - que celle de ce Géo Boulloud, qui s’activa beaucoup dans cette ébullition contestataire, qui fut le seul ouvrier de la municipalité Dubedout et qui à la fin de sa vie, militait pour la candidature de Strauss-Kahn, ou le traité constitutionnel européen.

Dans la municipalité Piolle aussi, il y a des croyants, dont le maire lui-même. Il se définit comme un « compagnon de route du christianisme » avec la particularité d’être « pratiquant mais pas croyant » (Libération, 8/04/2014). Piolle est assez représentatif des contradictions que peuvent avoir les catholiques engagés à gauche : d’un côté, il affirme que « l’Évangile est un moteur spirituel dans son action politique » afin de s’attirer la sympathie des croyants, et de se donner l’image d’un acteur intègre, pensant juste au bien commun. De l’autre, il a co-fondé Raise Partner, une start-up œuvrant à l’optimisation fiscale, délocalisée à Singapour après avoir pompé un maximum de subventions en France (voir Le Postillon n°26,27 et 28). Sa femme, qui serait « très impliquée dans l’aumônerie de l’école » de leurs enfants, y travaille toujours, et Eric Piolle « assume tout » de son implication dans cette entreprise. Jésus aurait-il boursicoté ? On peut repérer cette contradiction ailleurs, comme quand Piolle soutient les start-ups créant des applications ou objets inutiles alors que, par ailleurs, il prétend lutter contre « le modèle de surexcitation consommatrice, qui prône l’avoir et pas l’être ».

Le pape contre le Center Parcs ?

« Le projet de Center Parcs est démonté de A à Z par Laudato si’ ». J’ai fini par m’éloigner de Grenoble pour aller rencontrer un prêtre officiant pas très loin de Roybon, le village ou un Center Parcs et sa « bulle tropicale » doivent s’implanter (voir Le Postillon n°28 et 29). Ce prêtre préfère rester anonyme, à cause de son « devoir de réserve » et parce qu’il n’a pas reçu l’autorisation de ses supérieurs pour parler à la presse de ces sujets. Mais il ne se gêne pas pour dire ce qu’il en pense, car il se dit « en accord avec le grand patron » (le pape). Il était accompagné d’Henri Pérouze, un ami à lui militant dans l’association « Chrétiens et pic de pétrole » et adepte de la décroissance. Les deux sont catégoriques : « si on est pour l’écologie intégrale, prônée par le Pape, on ne peut qu’être contre le Center Parcs. Il relève du terrorisme industriel hors sol. Marchandisation du tourisme, précarité des emplois, privatisation d’un bien commun : autant de bonnes raisons de s’y opposer. C’est une question de justice environnementale comme de justice sociale ». Le prêtre est friand de tous les écrits critiques à ce sujet ; il a lu le livre Chambards dans les chambarans et les quatre numéros de la revue De tout bois, édités par la maison d’édition grenobloise Le Monde à l’envers, et « souscrit totalement à tout ce qui est écrit. J’aurais pu signer les textes. » Précision : les auteurs de ces écrits sont plutôt libertaires.
On vit une époque étonnante : ces deux catholiques se retrouvent donc du côté des « zadistes anarchistes », et s’opposent aux partisans du projet dont beaucoup sont de la même religion qu’eux. Le président du conseil départemental Jean-Pierre Barbier et le président du conseil régional Laurent Wauquiez, farouches promoteurs du projet et contempteurs des zadistes, sont des catholiques revendiqués. Le prêtre de Roybon, auquel j’ai passé un coup de fil, se déclare lui plutôt favorable au projet.

« Le problème, analyse Henri Pérouze, c’est que l’église a toujours été du côté de la croissance, du progrès et de l’ordre établi. Or, là, il s’agit de poser des actes de désobéissance civile ». Ce n’est donc pas demain la veille qu’on verra des scouts rejoindre des zadistes, malgré la ressemblance des modes de vie...

Le prêtre poursuit : « On manque d’espaces pour débattre de ces questions. Il y a peu d’endroits où on peut avoir une confrontation sereine. J’essaie de parler d’écologie pendant les homélies, mais ce n’est pas évident. Avant j’officiais pas loin d’une centrale nucléaire, c’était impossible de parler de ce sujet ». Ayant très envie « d’aller à la rencontre du monde écolo » et « d’unir les forces », il aimerait pouvoir confronter ses idées avec plus de monde. « Je suis prêtre pour dire la vérité, mais des confrères ont peur de dire la vérité, de parler ouvertement pendant une homélie de questions que posent par exemple le center parcs ou les pesticides. Je pense que les chrétiens doivent avoir le courage de lire et d’entendre ce qui est expliqué dans Laudato Si’, et d’en tirer les conséquences ».

à propos d’en tirer les conséquences, que penser de Minatec, de la course à l’innovation technologique ? Pour Henri Pérouze : « Derrière tout ça, il y a de grandes question anthropologiques : qu’est ce qu’on veut comme société ? Le complexe techno-scientifique a produit les problèmes qu’on voit aujourd’hui. Comment croire que la solution viendra de ce même complexe ? Comment croire qu’un surplus de technologies va résoudre ça ? À Grenoble les nouvelles technologies c’est un sujet tabou, on ne peut pas en parler. Grenoble est trop riche et fière de sa technologie ».

Dans un monde désenchanté, la science et la technologie sont maintenant devenues de véritables religions. Il suffit de voir les promesses faites par les transhumanistes (ceux qui veulent réparer et améliorer l’homme) ou les partisans de la géo-ingénierie (ceux qui veulent réparer le climat) pour comprendre à quel point cette croyance relève parfois d’un certain fanatisme. « Ne vous inquiétez pas, il y aura toujours une solution technologique à nos problèmes », assène l’évangile des temps modernes. Dans la cuvette plus qu’ailleurs, là où « un habitant sur cinq travaille dans la recherche, l’innovation et l’enseignement supérieur », on multiplie les génuflexions devant le Dieu innovation, beaucoup moins critiqué que les dieux plus classique. Pour les partisans d’une vie libre et émancipée, ce dieu mériterait pourtant de l’être au moins autant.

Indignation à géométrie variable et opportunisme politique

Certains cathos ont, comme n’importe quelle multinationale, suivi le vent et l’ère du temps par une opération de greenwashing. C’est notamment le cas du mouvement né lors des manifestations contre le mariage homosexuel, toujours actif sous le nom de Manif pour tous. Après avoir commencé à militer pour la défense du mariage traditionnel (c’est-à-dire contre l’accès pour les homosexuels aux mêmes droits que tout le monde) le mouvement passe du rose au vert en incorporant d’autres revendications à son discours. Leur critique de la PMA (qu’ils relient à l’eugénisme) ou de la GPA (marchandisation du corps de la femme) les feraient presque passer pour anticapitalistes. Citée par le magazine Terra Eco ( [3]), la présidente de la Manif pour tous Ludovine de la Rochère, déclare : « Le mouvement est dans une nouvelle étape de son développement. Ce que nous défendons, c’est le respect de l’humanité, qui est homme, qui est femme, souligne-elle, cigarette électronique à la bouche. Et pour nous, l’écologie, c’est considérer l’humain dans tout un ensemble d’équilibres, c’est ce que dit José Bové [NDLR : qui s’est positionné contre la GPA et la PMA] et nous sommes d’accord. » Dans la même veine Marion-Maréchal Le Pen assène que « l’écologie humaine, c’est refuser tout autant les OGM que la GPA. »
La technologie modifie notre conception du champ politique et les frontières traditionnelles entre les partis et courants d’idées. Dans une tribune parue dans Le Monde, un transhumaniste ( [4]) analyse que « la manipulation technologique de l’homme a déjà bien commencé, […] des rapprochements inattendus apparaissent. Ainsi, José Bové était jusqu’à présent un militant d’extrême gauche. Dans le nouvel ordre biopolitique, il se retrouve, avec les catholiques intégristes, parmi les ultra-bioconservateurs. (...) José Bové est plus conservateur que Ludovine de La Rochère, la présidente de la Manif pour tous, favorable à ces technologies. »
Curieuse époque : un mouvement homophobe se découvre soudain une sensibilité écologique, alors que ses militants ont pour la plupart toujours défendu la voiture, le nucléaire, la croissance, le productivisme (pro Centerparcs). En vérité le but pour le FN, comme sur n’importe quel autre sujet, est de dénoncer la « dictature » des partis politiques traditionnels et de vider le concept de sa substance théorique. Comme l’explique un sociologue au site écologiste Reporterre ( [5]) l’écologie participe de cette dé-diabolisation : « L’écologie va lui apporter une image adoucie, car en tant que valeur, c’est une notion qui fait consensus au sein de la population. Pour gagner 2017, Marine Le Pen a besoin d’un apport supplémentaire. Et elle se dit que l’écologie va lui donner un capital sympathie en tant que personne qui aime la nature et les petits oiseaux. »

Notes

[1Parmi les rédacteurs on trouve des universitaires catholiques, d’anciens Veilleurs (mouvement autour de la manif pour tous), des « anarchistes chrétiens », des « socialistes antimodernes ». Il y a aussi une journaliste du Figaro, Eugénie Bastié : bizarrement le numéro 2 de la revue a fait une brève élogieuse du site internet Figarovox, mais rien sur Serge Dassault, le marchand d’armes propriétaire du journal (voir La Décroissance, février 2016).

[2Emmanuel Mounier est le fondateur de la revue Esprit (à laquelle ont participé de grands penseurs écologistes comme Jacques Ellul et Bernard Charbonneau) et du « personnalisme ». Ce courant d’idée avait pour but de rechercher une troisième voie entre le capitalisme industriel et le marxisme, dont le fil conducteur est l’humain et le respect de la personne. L’historiographie française désigne sous le terme de « non-conformistes des années trente » ces courants mêlant pêle-mêle croyants, non-croyants, intellectuels de gauche ou dissidents de l’action française, réunis autour de l’idée que face à la « crise de civilisation » et la « crise de l’homme du XXème siècle » il fallait susciter une révolution spirituelle, tout en refusant le fascisme et l’option communiste.

[3Le Pen, La Manif Pour Tous, Soral ... Tous écolos ? Anne Laure Pineau, Terra Eco, 6 novembre 2015.

[4Laurent Alexandre, José Bové, ultra-bioconservateur, dans Le Monde, le 15 octobre 2014.

[5L’OPA du Front National sur l’écologie ? Une mascarade. Barnabé Binctin, Reporterre.net, 6 février 2015.