Accueil > Hiver 2019 / N°49

Courrier des Lecteurs

Ne nous posons plus de questions

Des internautes nous ont offert de belles réactions sur l’article « Ingénieurs : Pourquoi ?  » du Postillon n°47, qui a été publié sur le site Agoravox. Le commentaire de Zelco est notre number one. Après avoir cité une de nos phrases : « En école d’ingé, on apprend à répondre aux questions “comment ?” mais jamais “pourquoi ?”  », il s’emballe : « C’est sûr que si vous ne comprenez pas ça, vous n’avez rien à foutre comme ingénieur. Et non, je ne peux pas vous expliquer, car c’est le principe même d’être ingénieur : on sait comment faire les choses, mais lesquelles et pourquoi sont des questions politiques et/ou morales, et n’appartiennent pas au monde de l’ingénierie. On apprend comment il faut construire des ponts qui soient techniquement bien fichus dans tous les cas, mais lesquels construire dépend du contexte. Quant à savoir pourquoi construire des ponts, si vous ne savez pas ça vous êtes débile  ».

Le commentaire de Pissefroid est notre Top 2, et mérite également sa place dans le courrier des lecteurs. Après nous avoir également cité – « Alors que les rapports scientifiques alarmants sur l’accélération de la catastrophe écologique se multiplient, ces questions sont quasiment absentes des formations d’ingénieurs  » –, lui s’insurge : « J’en conclus que vous n’êtes pas objectif car ce qui importe c’est l’amélioration au niveau mondial de la santé, de la nutrition, de la longévité. L’espèce humaine a toujours trouvé des solutions aux difficultés naissantes. Les ingénieurs sont là pour trouver ces solutions en utilisant leurs connaissances. Les questions écologiques n’auraient jamais dû sortir des labos, car ces questions écologiques sont maintenant idéologiques et c’est cette idéologie qui appauvrit notre pays. C’est cette idéologie qui a sabordé Superphénix ainsi que la capacité industrielle en démembrant les équipes qui ont créé notre parc électronucléaire ».

La métropolisation des hôpitaux

Je suis à la terrasse d’un petit café du XVIIIe arrondissement de Paris. (…) En fait je vous l’ai déjà dit, votre journal est éclairant, la qualité de vos articles font que vous dépassez largement le cadre de Grenoble et sa cuvette. 
Je viens de lire votre article : « La métropole est-elle une fatalité ?  » Je suis kiné dans un hôpital parisien et j’ai l’impression de lire ce qu’il se passe à l’hôpital. Il faut alors remplacer métropole par Pôles puis par GH (groupement hospitalier) et maintenant super GH qui est l’étape que l’on subit en ce moment mais qui n’est pas la dernière (il y a au moins une étape supplémentaire dans les cartons). 
Mais le principe est le même, il n’y a plus moyen d’avoir prise sur le fonctionnement de l’hôpital, ici ce n’est pas la métropole qui décide, c’est le « siège » (DG), et bientôt avec les super GH il n’y aura plus de représentants syndicaux au niveau d’un hôpital mais du SGH, de même pour les représentants médicaux, etc. Enfin je ne m’étends pas, mais vos dissidents je les trouve bien naïfs avec leur idée de pause et prendre du recul, alors que c’est, je pense, le but de ces grands regroupements de ne pas pouvoir justement prendre de pause et surtout pas de recul, aller toujours de l’avant, submerger les opposants de projets, ne les informer qu’au dernier moment, vouloir imposer un caractère comme irréversible de la marche, les faire passer pour des has been. C’est ce qui se passe partout, à l’hôpital, métropole, administrations, la Poste etc. Et toujours les mêmes justifications : les économies alors qu’on voit tous que c’est du pipeau. V.

Le concours du meilleur cadeau au Postillon

Et c’est Catherine qui gagne haut la main la première édition de ce concours ! Tout a commencé par un courrier, où elle nous raconte son désarroi « Dans la queue à Casabio avec des gens un peu trop heureux, un peu trop souriants, trop positifs, trop super heureux de vivre  », ses galères de chômeuse où elle a « tapé plus de mille fois ‘‘chargée de mission’’ ou ‘‘capacités rédactionnelles’’ dans la case recherche du site Pôle emploi  » ; puis elle nous propose : « J’ai pensé que ce serait peut-être pas mal pour ma santé mentale de vous proposer un peu de mon temps de chômage pour relire des articles, faire de la recherche documentaire (…) plutôt que de continuer à faire des puzzles pour enfant de moins de 10 ans et à fumer des clopes en regardant le plafond  ».

On lui a répondu en lui envoyant un puzzle pour les plus de 10 ans. Un courrier qui l’a rendue « super heureuse » et aussi prolixe sur l’échange postal : « Est-il bien normal d’être vraiment heureux en recevant une lettre ? Ce contentement est-il le signe d’un décalage total par rapport à l’époque et/ou d’une vie sociale un peu limite et/ou d’un problème plutôt de type cyclothymie ? Faisant le constat que la dernière vraie lettre que j’avais reçue datait de 2009 (et provenait de ma grand-mère morte trois semaines plus tard) je me suis dit que c’était bientôt la fin du courrier. [...] J’ai répondu aux premières questions grâce à un rapide sondage dont l’échantillon représentatif était constitué de gens avec qui j’ai discuté au cours de cette semaine. En gros : tout le monde aimerait recevoir des lettres mais plus personne n’en écrit. [...] Avant quand quelqu’un mourait on récupérait quelques photos, des lettres et parfois quelques bouquins. Ça faisait une histoire de vie. Bientôt on récupérera des dizaines de milliers d’e-mails et des Téras de photos et vidéos. Pour comprendre l’histoire il faudra “faire parler les données”. Après quelques jours passés à vaguement réfléchir à tout ça, en regardant la peinture écaillée du plafond, j’ai fini par faire une sorte de rêve aussi joyeux que bizarre… Un jeu concours encourageait les Grenoblois à s’envoyer des lettres. L’explosion quasi immédiate du trafic du courrier dans la cuvette permettait aux facteurs de dire merde à la “diversification des missions” et au nouveau modèle économique de La Poste. [...]  » Finalement, Catherine est passée au local et nous a offert plusieurs produits maison (ratatouille, sauce tomate-céleri, tomates confites) savoureux. Pour le meilleur cadeau au Postillon, la barre a été placée haute, mais vous pouvez relever le défi !

Le Postillon de Noël

Vous illuminez cette fin d’année d’une maman d’ingénieurs qui m’ont houspillée ce Noël = j’ai l’imbécilité de soutenir les gilets jaunes… Ces petits ingénieurs ont fait leurs études avec des bourses… tellement j’étais miséreuse !!! MP.