Vous habitez un quartier sans caméra de vidéosurveillance ? Ne vous inquiétez pas, cela ne va pas durer. Depuis un an les globes haut-perchés envahissent progressivement tous les recoins de Grenoble et son agglomération. Après avoir jalonné le parcours des manifestations l’année dernière, des caméras poussent actuellement au Jardin de Ville et dans les quartiers Capuche et Village Olympique. Les mairies de Fontaine, Sassenage ou Seyssinet-Pariset suivent l’exemple de leur voisin Echirolles et sont en train de s’équiper. La municipalité de Grenoble veut en mettre prochainement sur chaque école, chaque centre social et chaque bibliothèque. Et elle continue d’en installer en douce, sans rien dire, comme récemment sur la place Saint-Bruno.
Voilà qui doit faire plaisir au chef de la police Hortefeux. Ce copain du repris de justice Carignon a annoncé en décembre dernier - alors qu’il venait inaugurer une force anti-émeutes inédite (l’Umir) - son intention de transformer Grenoble en « laboratoire » des politiques sécuritaires.
Changement d’époque : il y a trente ans, Grenoble, ville « Compagnon de la Libération » se voulait un « laboratoire social », ou s’expérimentaient d’autres façons de vivre ; elle est aujourd’hui un laboratoire sécuritaire, où s’expérimentent d’autres façons de faire taire les pauvres et les contestataires. Une mission acceptée sans rechigner par le maire Destot et son dauphin Safar, trop heureux de montrer que les socialistes sont aussi doués que la droite en matière de répression.
Nous voilà transformés en cobayes, sommés d’accepter sans broncher la déferlante de cowboys. De notre attitude dépendra en partie l’exportation du « savoir-faire » grenoblois au reste de la France et du monde. Il nous reste donc à expérimenter une résistance efficace.
Édito