Accueil > Juin 2009 / N°01

Du journalisme à la communication

Dans chaque département, il existe une structure regroupant la plupart des "journalistes", une sorte de syndicat dénommé "Club de la presse". S’intéresser un peu à lui permet d’appréhender l’état de santé fleurissant du "4ème pouvoir".

Dans l’annuaire 2007 du Club de la presse Isère, sur les 151 membres recensés, 103 sont en fait rangés dans la catégorie "communicants"(c’est-à-dire qu’ils travaillent à la propagande d’une structure publique ou privée). Sur les 48 restants, 23 sont directement salariés par des entreprises ou des collectivités locales (10 par le Conseil général, 4 par la mairie de Grenoble...). Les 25 restants travaillent pour des médias aussi dérangeants et fouille-merde que Le Daubé, France Bleu Isère, Les Affiches ou Europe 2... Résultat : sur les 151 membres, 126 sont donc communicants officiels et la plupart des 23 restants communicants officieux.

Quant aux membres associés du Club de la presse, ils sont connus pour leur amour de l’investigation, de l’esprit critique et de l’indépendance vis-à-vis du pouvoir : ainsi trouve-t-on Alpexpo, Arkema, EDF, France Telecom, GEG, l’office de tourisme de l’Alpe d’Huez, la ville de Grenoble, le Conseil général de l’Isère...

En 2007, le président du Club s’appelait Stéphane Poirot et portait haut les nobles idéaux du journalisme dans les colonnes des Affiches et de Mairie Magazine (organe de propagande de la mairie de Meylan). Son successeur, Jean-Marie Francillon, marche quant à lui dans les pas d’Albert Londres en exerçant en tant que photographe pour les Nouvelles de Grenoble (la Pravda de la Mairie de Grenoble).

Le plus instructif de cet Annuaire de la presse est la Charte des devoirs professionnels des journalistes français, sorte de code de déontologie, qui stipule qu’un journaliste "ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprises privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations soient susceptibles d’être exploitées", "ne signe pas de son nom des articles de réclame commerciale ou financière", "ne commet aucun plagiat" ou "ne confond pas son rôle avec celui du policier". Autant de principes respectés scrupuleusement - à n’en pas douter - par tous les membres du Club de la presse Isère. Ce qui est loin d’être notre cas, nous, pauvres rédacteurs du Postillon, ainsi n’appartenons-nous pas à cette grande famille des "journalistes". Mais nous redoublerons d’efforts, travaillerons d’arrache-pied pour tenter d’égaler nos modèles et un jour, peut-être, parviendrons-nous à faire partie du club...