Pour le premier mandat de Piolle, les polémiques futiles étaient déjà légion. Depuis les municipales 2020 et l’arrivée de maires écolos dans d’autres grandes villes (Bordeaux, Marseille, Lyon, Strasbourg, Tours, Poitiers,…), elles sont devenues quasiment quotidiennes. Il suffit d’une petite phrase ou d’une petite décision d’un élu écolo pour que certains médias et commentateurs montent sur leurs grands chevaux numériques et hurlent aux « nouveaux khmaires verts », à la « folie des maires écologistes » ou à la « dérive radicale des élus écolos ». La plupart du temps à propos de questions inintéressantes, l’écran de fumée médiatique créé occultant ainsi de véritables débats et faisant passer les élus écolos pour des résistants au « système ». Entre autres exemples, la polémique récente autour du Tour de France, suite aux propos du nouveau maire de Lyon, Grégory Doucet, l’ayant qualifié d’évènement « machiste et polluant ». À l’occasion du passage du Tour à Grenoble le 15 septembre, Eric Piolle a repris ses critiques, insistant sur la nécessité de recréer un Tour de France féminin, sur la « gestion des déchets » et « l’impact environnemental de la caravane » (en sous entendant que si les véhicules étaient électriques, ce serait mieux) ou la « façon d’accueillir les spectateurs ». « On peut critiquer certains aspects du Tour de France et y être attaché » a assuré le maire de Grenoble. Là-dessus, on est d’accord. Nous aussi [NDR : ce « nous » ne concerne que quelques membres du journal, la plupart se foutant éperdument de cette foire aux sponsors] on est attachés au Tour, un de nos distributeurs étant même parvenu à boucler l’album Panini (oui, oui ça existe) pour la deuxième année consécutive. Mais s’il est évident qu’il faudrait le retour du Tour féminin, ce ne sont pas des véhicules électriques dans la caravane ou que les bobs cochonou jetés au bord de la route soient recyclables qui rendraient le Tour plus sensé, sans même évoquer la question du dopage. L’évolution du Tour est symptomatique de l’évolution de nos sociétés, le règne du sport-business (entraînant la domination des équipes au plus gros budget) et le poids de plus en plus important des gadgets technologiques rendant la course de plus en plus inintéressante. Les cyclistes ne sont plus que des bouts de chair assistés par des oreillettes, capteurs de puissance et compteurs en tous genre, de plus en plus robots, donc de moins en moins humains et imprévisibles. D’un point de vue du « bilan carbone », l’aberration ne s’arrête pas au fait que pendant cette « fête du vélo », on voit surtout passer des centaines de véhicules (essence ou électriques peu importe) et au moins quatre hélicoptères, comme lors de l’étape du 15 septembre dernier. Les parcours actuels, où les étapes ne démarrent presque jamais dans la ville d’arrivée, obligent les coureurs à faire chaque soir des transferts en bus ou en avion de plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres. Le minimum, pour un tour de France À VÉLO, serait de ne jamais prendre la voiture, comme lors des premières éditions du Tour. Et si les coureurs actuels étaient comme ceux de l’époque, complètement indépendants, obligés de changer leur chambre à air en cas de crevaison ou d’aller se ravitailler dans les cafés au bord de la route, on serait quand même bien mieux lotis au niveau animations et suspense.
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