Qu’il est beau mon projet ! Chaque campagne municipale rejoue le sketch du moi-mon-projet-il-est-mieux, alors que tous les candidats se rejoignent dans le manque de créativité [1]. Dans cette guerre de communication, Jérôme Safar a frappé très fort. Alors qu’il avait plastronné que le projet serait réalisé à partir des « primaires du projet » ouvertes à « tous les Grenoblois » (c’est-à-dire aux militants du PS), il a également commandé un « rapport synthétique sur les enjeux du territoire grenoblois » à des « personnalités de la société civile », soi-disant « indépendantes ». Si une dizaine de personnes y auraient participé, il a été porté par Patrick Lévy, président de l’université Joseph Fourrier, et Jean-Paul Angot, président de la MC2, la maison de la culture. Ce n’est pas étonnant que ces « personnalités de la société civile », suivies par tant d’autres, se pressent pour soutenir le candidat le mieux placé : on connaît le degré de servilité des dirigeants locaux de structures culturelles ou scientifiques. Ce qui surprend, en revanche, c’est de voir à quel point ces soi-disant intellectuels sont capables de pondre neuf pages pleines de vide. Leur texte - qui regorge de bonnes blagues, comme « la place de Verdun, l’une des plus belles places de Grenoble » [NDR : c’est un rond-point] - développe trois « alertes » écrites dans un charabia universitaire : « Pour une initiative locale moteur de l’innovation sociale et du développement de Grenoble », « Pour une politique d’urbanisme et de mobilités au service du mieux-vivre ensemble et du développement culturel et social », « Pour des élus de proximité médiateurs de la complexité et gestionnaires de la diversité ». Remplacez les « pour » par des « contre » et vous comprendrez toute l’audace de ces courageux gestionnaires qui, pour aller à la pêche aux subventions et aux petits arrangements, sont vraiment prêts à tout. La com’, ça ose tout, et c’est même à ça qu’on la reconnaît.
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Un rapport « médiateur de la complexité »
Notes
[1] Pour des propositions intéressantes pour ces élections municipales, voir les Postillon numéros 17 et 21.