Parfois les faits divers donnent un certain relief à l’actualité. Le 28 octobre, un homme de 52 ans a été abattu par des policiers à échirolles. Selon leur version, l’homme alcoolisé les aurait menacés avec un pistolet d’alarme, ce qui les aurait poussés à viser immédiatement la tête de cette personne sans histoire. Mais le meurtre de cet homme n’a presque pas fait polémique : ce qui a scandalisé nombre de commentateurs et de twittos, c’est la mise en garde à vue des cinq policiers, procédure pourtant habituelle dès qu’il y a un homicide. C’est qu’au même moment, à Grenoble comme ailleurs, les flics ont réussi à placer leur mal-être sur le devant de la scène en manifestant pour dénoncer les violences à leur encontre, leurs conditions de travail et pour demander toujours plus de moyens. On vit ainsi un moment paradoxal, où on n’a jamais autant entendu parler du malaise policier, alors que ça fait des dizaines d’années qu’ils n’avaient pas eu autant les coudées franches. Tenez, par exemple, regardez ce qui s’est passé ce printemps. À Grenoble, le mouvement contre la loi Travail a rarement débordé : il y a eu quelques vitrines brisées, beaucoup de tags, quelques défilés sauvages, mais dans des proportions bien moindres que lors de précédents mouvements sociaux (CPE en 2006, manifestations lycéennes en 2008, etc). Et pourtant, la répression a été féroce : des jeunes ont par exemple pris de la prison ferme pour avoir peut-être jeté une canette en direction des policiers, qui eux ont eu droit à nombre de « préjudices moraux » sans être blessés (voir Le Postillon n°35). MMA 38, la « mutuelle magique anti-répression » grenobloise a dressé le bilan suivant du printemps, sans doute incomplet : en huit manifestations, il y a eu au moins 30 interpellations et plus de vingt comparutions devant la justice. Ces jugements ont occasionné 11 500 euros de « préjudice moraux sur personne dépositaire de l’autorité publique », plus de 1 590 heures de travaux d’intérêt général, 11 ans et 8 mois de prison avec sursis et dix mois de prison ferme. Sans compter les multiples coups de matraque ayant entraîné des hospitalisations pour « des membres cassés, des traumatismes crâniens ». Il ne fait pas bon être du mauvais côté de la matraque
Le Postillon ?
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