Accueil > Décembre 2016 / N°38

L’université en guerre contre la bonne bouffe

C’est pourtant pas bien méchant : tous les lundis midi, des étudiants proposent une grande bouffe à prix libre sur le campus de Saint-Martin-d’Hères. Après avoir cuisiné plein de légumes récupérés le dimanche, ils amènent des grandes gamelles remplies de bonne bouffe pour la partager. Une initiative qui rencontre un certain succès, vu qu’au moins cent-cinquante personnes s’y pressent tous les lundis. C’est pas bien méchant, mais ça ne plaît pas aux autorités : la mairie communiste de Saint-Martin-d’Hères a envoyé deux employés de son service d’hygiène, visiblement outrés par « la distribution gratuite de denrées alimentaires sur l’espace public ». C’est vrai que c’est totalement scandaleux. Ils ont ensuite eu la visite de la police et la directrice générale des services de l’Université Grenoble-Alpes a envoyé un mail à de supposés organisateurs en leur demandant « de mettre fin à cette activité ». La raison ? «  les réglementations et les normes », «  la sécurité alimentaire », ou l’absence d’autorisation « d’occupation de l’espace public ». Ils ne peuvent pas aller manger la bouffe aseptisée des restaurants universitaires, comme tout le monde ? Ou aller acheter des sandwiches industriels dégueulasses à cinq euros dans un des nombreux snacks de l’université ? Le campus de Grenoble est connu internationalement pour sa piètre qualité de restauration, il ne faudrait surtout pas que cette réputation change.