À Grenoble, il y a un support dont tous les publicitaires rêvent : les bulles du téléphérique de la Bastille. Le problème, c’est qu’elles sont très difficile à obtenir : bien que la mairie, propriétaire du téléphérique, aimerait le vendre plus souvent aux publicitaires, elle le fait peu car les grenoblois-électeurs sont assez réticents à ce qu’on touche à ce qui est devenu le symbole de la capitale des Alpes. D’autant que la Bastille est censée être un site patrimonial protégé.
Néanmoins, certaines entreprises parviennent parfois à s’imposer. La dernière fois, c’était Ikéa en 2007, qui était parvenu à habiller les bulles de jaune et de bleu ; les élus dociles cédant aux volontés du géant suédois qui venait de s’installer dans l’agglomération. Cette année c’est la Banque Populaire des Alpes qui a pu étaler pendant plus d’un mois son slogan-phare du moment « Osez ! ». En pleine crise financière, cette vitrine offerte à une banque est plutôt mal passée, et a d’ailleurs dû être écourtée suite aux plaintes d’écologistes. Les responsables se sont défendus en arguant que la banque était un « partenaire » de la Ville et un mécène du fort de la Bastille. Pour Geneviève Fioraso (Télégrenoble, 28/10/2011), députée et adjointe municipale, « la Banque Pop est une banque qui accompagne beaucoup de projets en Isère, c’est une banque locale, ça ne fait pas partie des gens qui nous emmènent vers les emprunts toxiques ». Jérôme Safar a également avancé que « si cette banque là avait été responsable de la bulle financière, ça se saurait » (Télégrenoble, 07/11/2011). Michel Lambert, directeur de la régie du téléphérique, a assuré qu’avec la banque c’est « une histoire d’amour, de respect. Ils ont été les premiers à croire à notre projet et ça, je ne l’oublierai jamais » (Grenews, 17/10/2011).
Des histoires d’amour, la Banque Populaire des Alpes semble en avoir un sacré paquet dans l’agglomération. Outre les bulles, les sucettes Decaux ou la devanture de la Chambre de commerce et d’industrie, sa promotion s’est aussi étalée dans de pleines pages du Petit Bulletin, de Grenews, du Daubé, des Affiches... Avec ces journaux, l’histoire d’amour semble si intense que leurs colonnes n’ont jamais évoqué un fait récent relayé dans beaucoup de médias nationaux. Geneviève Fioraso et Jérôme Safar, qui ont pourtant l’air de s’y connaître en « emprunts toxiques » et « bulle financière » ont également dû le louper. Le voilà : « C’est une première dans le dossier Natixis : la justice a contraint la Banque Populaire des Alpes à indemniser un de ses clients à qui elle avait vendu des actions de la banque d’affaires sans l’informer des risques » (Le Parisien, 14/09/2011). L’achat d’encarts publicitaires par ces fidèles partenaires locaux valait bien cet « oubli ».