Accueil > Automne 2025 / N°78

Bac option tuer des gens derrière écran

Après la conjugaison à la première personne, l’Éducation nationale se met à enseigner le «  tir à la première personne ». Au lycée Louise Michel de Grenoble, une nouvelle «  section » vient d’ouvrir pour proposer aux élèves du... « e-sport études  ». Amis ringards, sachez que le «  e‑sport » est en fait du jeu vidéo de compétition, communauté regroupant quand même, selon Wikipedia, 500 millions de membres dans le monde. L’Éducation nationale française juge apparemment urgent de permettre aux élèves d’avoir accès à cette activité virtuelle et a donc lancé une expérimentation au lycée Louise Michel. Cette «  formation générale de la seconde à la terminale » propose « 12 heures de cours hebdomadaires » afin de rejoindre « l’élite de l’e-sport en intégrant notre section e‑sport études, dédiée à l’excellence, à l’instar des parcours de haut niveau alliant performance sportive et réussite scolaire ». Concrètement, les élèves vont pouvoir s’exercer à Valorant, un «  jeu de tir à la première personne  » donc, développé par la société Riot Games, qui propose un univers visiblement hyper sympa et poétique. « Les armes sont le moyen principal pour infliger des dégâts aux adversaires sur Valorant. (…) Les armes principales comprennent les pistolets-mitrailleurs, les fusils à pompe, les snipers et les mitraillettes... » Grâce à l’Éducation nationale, le réarmement virtuel est bel et bien en route. Selon une des rares enseignantes du bahut scandalisée par l’imposition de cette nouvelle section (le conseil d’administration du lycée n’a pas eu à se prononcer dessus), «  la directrice a défendu ce jeu parce qu’il permet de faire des compétitions et qu’il permet d’avoir des équipes mixtes ». Pour la première promo de la section e-sport, onze garçons et une fille, la mixité est encore toute relative… Alors qu’à la maison, les lycéens – c’est bien connu – ont tendance à trop souvent délaisser les écrans pour aller bêtement vaquer dehors et avoir des activités du XXe siècle, il est en tout cas rassurant de voir que l’Éducation nationale prend les choses en main et propose enfin aux jeunes de saines activités.