Accueil > Decembre 2021 - Janvier 2022 / N°63

Classement mondial des villes qui font de la merde : Grenoble 49ème !

Il en faut peu pour contenter Christophe Ferrari, PDG de la Métropole Grenoble Alpes. Par exemple un obscur classement réalisé par une obscure boîte baptisée Finom. Cette « néobanque 100 % en ligne qui veut faciliter la vie des entrepreneurs et des indépendants » vient de publier un « classement des villes les plus innovantes du monde » mettant Grenoble au 49ème rang. « #Grenoble s’inscrit parmi les 50 villes les + innovantes au monde, 2ème sur le podium des 3 villes françaises au classement ! @GrenobleAlpes Métropole des montagnes, c’est aussi un écosystème dynamique où se mêlent #recherche & #innovation » a tweeté triomphalement le maire de Pont-de-Claix. Quels sont les critères de ce classement arbitraire ? « Le nombre de start-ups établies dans chaque ville depuis 2010, les montants investis en R & D dans les universités, les innovations en intelligence artificielle ou encore dans la FinTech ainsi que le nombre de levées de fonds réalisées dans chacune de ces villes depuis 2015.  » Des critères certainement intéressants pour une banque en ligne, des entrepreneurs ou n’importe quel requin du business, mais qui n’ont rien à voir avec la recherche d’un futur désirable. Tenez, d’un point de vue environnemental : ce genre de classement, c’est par exemple ce qui va donner envie à des boîtes comme Sipearl de s’implanter ici. Dans des bureaux cours Berriat depuis octobre, cette société conçoit des supercalculateurs, soit des « ordinateurs qui tiennent dans d’immenses armoires et demandent énormément de puissance (de l’ordre de plusieurs mégawatts, l’équivalent de milliers de grille-pains pour une seule machine !)  » s’émerveille le journal de la Métropole du mois de novembre. Chouette, encore une boîte qui va consommer autant que des dizaines de milliers d’habitants ! « Grenoble était une évidence ! C’est clairement l’endroit où il faut être, au cœur de la Silicon Valley européenne ! » s’émerveille son patron qui a dû lire le genre de classement qui remplit de fierté Christophe Ferrari. Une des autres dernières-nées, Aledia, dont la pose de la première pierre en septembre dernier s’est déroulée dans l’allégresse des notables locaux (voir dernier numéro), va, elle aussi, faire péter les compteurs : « Vous avez oublié de parler de la future très importante consommation électrique de cette boîte, nous écrit un connaisseur du dossier. Mais la puissance sollicitée par l’entreprise pour cette usine est de 22 MW. C’est énorme !  » Encore un grincheux qui n’a pas compris que le bonheur se trouvait dans les classements établis par les banques en ligne, et non pas dans la recherche de sobriété.