Accueil > Automne 2021 / N°62

Courrier des lecteurs

En colère contre (certains) cristalliers
« J’ai lu attentivement votre article sur les cristalliers de l’Oisans. L’acharnement dont ils ont été victimes est scandaleux, ça c’est évident et ce n’est pas l’objet de mon propos. Leur passion pour les cristaux, même si elle ne mène pas systématiquement à un commerce effréné, conduit bien souvent à une destruction des traces du passé.
Je suis photographe amateur (60 ans) et je me concentre dans ce qu’on pourrait appeler l’archéologie industrielle, bien que le terme me paraisse pompeux au regard de mes compétences historiques. Pour faire simple, je photographie tout le patrimoine industriel que je trouve, parce que je sais qu’il va finir par disparaître. C’est du détail insignifiant pour nos dirigeants et élus. Il vaut mieux s’appeler Versailles ou Notre Dame que carrière ou usine d’un village de l’Oisans. D’une famille d’ouvriers et de paysans, la mémoire ouvrière me touche particulièrement. Et dans l’Oisans, une grande partie de cette mémoire se trouve aux fond des galeries (mines et carrières). Quelle émotion lorsqu’on trouve un morceau de journal de la fin du 19ème, une boîte de camembert d’avant 1926, des pelles, des clous et des marteaux, les restes d’un panier en osier qui servait à sortir le minerai là où les chariots ne passaient pas, ou des traces de souliers à clous fossilisés dans la glaise durcie ! Et si les cristalliers s’attaquent parfois d’eux mêmes à une veine en surface, bien souvent ils utilisent les galeries minières déjà existantes. Et là, c’est Beyrouth ! Oui j’ai trouvé tout au fond d’une célèbre mine de l’Oisans un groupe électrogène bien caché sous une bâche qui dort là depuis des années. Est-ce sa place ? Non ! J’ai aussi vu les fils pour les explosifs restés eux aussi accrochés le long des parois éclatées pour recueillir un bel oxyde coloré. Est-ce leur place ? Non !
Il y a un sac poubelle bien rempli (mais fermé) qui traîne à côté de boites de sardines et de restes de bougies qui ont coulé sur le rocher. Est-ce leur place ? Non ! Ne demande-t-on pas aux randonneurs de redescendre leurs déchets ? Les traces de souliers à clous sont piétinées car sans doute même pas repérées. (…) Cette indifférence, voire ce mépris pour notre mémoire au nom d’une passion est désespérante, affligeante. » G. R.

Lynred sur la trace des missiles à uranium ?
« Dans votre article Missiles made in cuvette dans le dernier numéro du Postillon (n°61) vous parlez de l’entreprise Lynred fabricant à Veurey du matériel infrarouge pour les missiles. Lynred va racheter les terrains de l’usine d’à côté, la SICN (Société industrielle des combustibles nucléaires) maintenant qu’ils sont « assainis  ». Cette entreprise à fermé son site de Veurey, qui fabriquait des « pastilles » d’uranium pour les centrales nucléaires notamment celle du Bugey. Sur le Wikipedia de l’entreprise on apprend que sur son site d’Annecy l’entreprise s’est reconvertie après la fin de la filière nucléaire dite « graphite-gaz » dans la fabrication de missiles à l’uranium appauvri et ce, jusqu’en 1995 (60 000 missiles). Quant à l’usine de Veurey, fabriquait-elle aussi des missiles à l’uranium appauvri ? On ne sait pas trop, mais ce qui est sûr, c’est que cette passation entre SICN et Lynred est quand même bien symptomatique des recherches militaro-civiles dans la cuvette grenobloise. Malgré un changement d’orientation technologique du bassin entre le nucléaire et la micro et nanotechnologie (pour la plus grande joie de nos militaires), les Iserois fabriquent toujours autant de saloperie et il est rare de tomber sur des informations critiques. La CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) a quand même dénoncée de grosses pollutions des milieux environnants et de la nappe phréatique. »

Antisémitisme ?
« Bonjour, ouvrant votre numéro spécial montagne de l’été 2021, je lis l’article “À la recherche de chemins loin du tourisme” et je tombe sur la phrase, p.5, “Un peu comme devenir banquier quand on s’appelle Rotschild” (avec une faute d’orthographe à Rothschild). Et là, horreur ! réapparait le vieux lieu commun antisémite juif=banquier, alors qu’il y a quelques milliers de banques catholiques, protestantes etc. et l’exemple que vous choisissez est bien sûr juif... Vous auriez pu écrire “quand on s’appelle Paribas”, ça aurait fait rire. Bref, quel dommage alors que votre numéro sur la montagne est remarquable. » F. L.

Jugement de valeur ?
« Votre rôle d’éveilleur, de révélateur, est à prendre au sérieux. Mélanger des vérités importantes pour les citoyens avec des jugements de valeur et des témoignages subjectifs et unilatéraux discrédite l’ensemble de vos écrits. 
Dans le numéro 61, vous faites un jugement de valeur gratuit sur un restaurant [NDR : le sens des Saveurs] qui travaille dans le respect de la planète et des êtres humains (produits bio, peu de viande, récipients consignés, et alimentation compatible avec des intolérances alimentaires). 
Comme beaucoup de personnes, je suis atteinte de plusieurs pathologies (auto immunes notamment) qui ne sont ni expliquées ni soignées par la médecine. Je suis intolérante à de nombreux aliments. Ce restaurant est un petit bonheur pour moi car il me permet de me régaler de temps en temps, pour pas trop cher je trouve (une dizaine d’euros), sans être malade après. Vous lui reprochez de servir un café à 2 euros... sérieusement, vous n’avez pas de choses plus pertinentes à écrire ? » B.D.

Le courrier sympa
« Juste un petit message virtuel pour vous dire que mon mari est en train de pleurer de rire en lisant votre article qui parle d’une rando en Chartreuse. Ça lui arrive à chaque Postillon, plusieurs fois à chaque fois, de pleurer de rire. Du coup ça me fait rire aussi et me donne le cœur gai. La journée commence d’un bon pied avec vous. Bien sûr nous sommes également très intéressés par vos articles ! Un immense merci pour ces supers moments passés à vous lire, et de nous informer et tenir au courant des remous de la cuvette. » S. H.