Accueil > Décembre 2015 / N°33

Girouette sécuritaire et déchéance de crédibilité

C’est beau la politique. À quelques mois d’intervalle, on peut affirmer tout et son contraire. Suite aux attentats parisiens, l’encore député Michel Destot a applaudi des deux mains les décisions prises par le pouvoir socialiste et a même, sur son blog, « tenu à saluer le discours d’unité, de fermeté et de responsabilité prononcé par le Président de la République » devant le congrès à Versailles. Dans ce discours martial assurant que « la France est en guerre », Hollande a annoncé plusieurs mesures sécuritaires parmi lesquelles la déchéance de nationalité. Une mesure avancée par Sarkozy à l’occasion de son célèbre discours de Grenoble que Destot avait alors vivement critiqué. Juste après ce discours, il s’emportait : « je voudrais dire une nouvelle fois combien il est dangereux de faire aujourd’hui l’amalgame entre délinquance et immigration, en parlant de “déchéance de nationalité” » (Le Daubé, 30/07/2010). Huit mois plus tard, il se réjouissait : « Après huit mois de débats attisant les peurs et opposant les citoyens entre eux, le gouvernement et la majorité présidentielle ont finalement retiré l’article du projet de loi sur l’extension de la déchéance de nationalité. Il était temps ! Il apparaissait pourtant évident, dès le départ, que le législateur n’avait pas vocation à créer des catégories de sous-citoyens, la République ne pouvant le tolérer en son sein » (Libération, 15/03/2011). Il y a encore quatre mois, il se félicitait du fait que « le conseil constitutionnel puis l’assemblée nationale, n’ont pas suivi le président [Sarkozy] sur la déchéance de nationalité » (Le Daubé, 04/08/2015). Tout ça pour finalement approuver cette mesure sans rechigner quand elle est proposée par un président socialiste. La politique a des raisons que la raison ne connaît point.