Le grand jour est arrivé. 15 janvier 2022, inauguration de Grenoble Capitale Verte. Le Covid a annulé la grande fête prévue, ne reste qu’un petit pince-fesses entre puissants, mandarins locaux, ministre de la Transition écologique et commissaire européen. Pour entremettre tout ce beau monde, la Ville de Grenoble s’est adjoint les services de Lucille Bailly, présentatrice de la chaîne de propagande locale TéléGrenoble. Pour introduire le discours du maire de Grenoble, elle ose cette question engagée : « Éric Piolle, j’imagine que votre cœur vert bat très fort ce soir ? »
Réponse de l’homme au cœur vert : « Oui, effectivement il bat très fort. Parce que ces montagnes qu’on voit autour de nous nous rappellent l’émerveillement de la nature et surtout nous rappelle ce désir de justice sociale [1] que sont venus porter Evelyn Isaac Luisa et Camille. (…) Ici ensemble nous ouvrons les nouveaux chemins de la prospérité. (…) Grenoble c’est la ville du temps d’avance (…) Ce titre est un encouragement à aller plus vite, plus haut, plus fort, dans tous les domaines, à tous les niveaux, par delà les différences partisanes et géographiques. (…) Chère jeunesse activiste, vous qui êtes venue délivrer un message fort et poignant, je vous remercie du fond du cœur pour vos engagements et vos batailles [2]. Face aux géants qui mettent le monde en miettes, je vous remercie pour vos mots. Votre courage nous inspire. Il ouvre un chemin. Chaque jour je me lève en pensant à votre génération, en pensant à ce désir de justice sociale, en pensant à ce désir de faire vivre une planète si belle, en pensant à cette génération qui connaîtra de plein fouet les bouleversements du monde. C’est aussi pour cela que nous vous recevons aujourd’hui et que nous recevons ce titre comme une exigence et un encouragement à aller plus vite, plus loin, plus fort. Vous êtes ici chez vous. Grenoble est la deuxième maison de toutes celles et ceux qui se lèvent pour le climat [3].
(…) Nous répondons que le sens de notre action c’est d’ouvrir de nouveaux chemins de prospérité. Les nouveaux chemins de prospérité c’est notre marque de fabrique à Grenoble. Il y a un demi-siècle, dans les années 1960, notre territoire s’était déjà rassemblé pour se transformer, pour se lancer dans cette modernité des 30 Glorieuses, à l’occasion des Jeux olympiques. 50 ans plus tard, nous avons ce même défi à relever, cette fois-ci autour du climat. [4]
(…) La prospérité c’est la science, c’est la santé et Grenoble est fière de s’appuyer sur une recherche fondamentale dynamique, sur des chercheurs et des praticiens innovants, engagée pour décrypter ce qui change et ce qui ne change pas. (…) Voilà pourquoi nous sommes très fiers d’endosser cette année cette responsabilité de Capitale Verte et de nous appuyer sur un conseil scientifique chargé d’animer les controverses, de nous assurer que nous restons à l’écoute du message scientifique, de s’assurer du bon niveau du débat public et d’affiner les décisions prises par les élus en responsabilité. [5]
La prospérité c’est la vitalité économique, des entrepreneurs qui créent les emplois de demain, qui structurent les filières d’avenir et qui sont connectés au territoire, qui ne recherchent pas le profit pour le profit mais qui regardent ce qu’ils amènent à la communauté comme impact sur le vivant et le commun. Ce sont les entreprises mondiales ou locales qui embauchent les talents de demain. (…) La prospérité c’est surtout la culture et la libre circulation des idées, des savoirs, des histoires. (…) La prospérité c’est la vie digne.
(…) Ce que nous sommes en train d’accomplir à Grenoble, c’est l’installation de cette nouvelle prospérité, une prospérité [6] qui engendre, qui créée et non plus qui prive, qui détruit, qui réduit notre environnement, qui réduit les Grenoblois à n’être que des ressources au service d’une machine économique. Merci !