Accueil > Février / Mars 2013 / N°19

Grenoble, la ville qui formate son histoire

C’est officiel, la campagne des municipales de 2014 vient d’être lancée. Destot et Safar s’offrent en effet une très belle campagne de propagande pour leur équipe municipale PS-Modem à travers l’opération Grenoble Factory. Tout ça aux frais du contribuable, pour le plus grand malheur de l’UMP qui aurait tellement aimé faire pareil. L’opération est d’autant plus astucieuse qu’elle se déroule du 31 janvier au 28 février, alors qu’à partir du 1er mars, le financement d’une telle campagne vantant les actions de la municipalité aurait du être intégrée dans les comptes de campagne du P.S. pour 2014.


Avertissement : cette photo n’est pas un montage.

Grenoble Factory, c’est deux expositions, place Victor Hugo et à la Plateforme, qui consistent à présenter des portraits de Grenoblois « fabriquant la ville » (c’est-à-dire y habitant), couplées à une grosse campagne de promotion de toutes les réalisations des équipes municipales de Destot. La manipulation est tellement grossière qu’ils vont jusqu’à faire le coup des photos avant/après. Avant le projet, la photo est en noir et blanc, et donc l’endroit présenté comme vieillot, sans aucun intérêt. Après le projet, la photo est en couleur, et le public invité à penser que c’est quand même beaucoup mieux comme ça. Le sous-titre de l’opération «  la ville qui fabrique son histoire  » est d’ailleurs assez révélateur de la volonté de manipuler les mémoires et de fabriquer une Histoire relatée selon la seule version municipale.
« L’idée des portraits, c’est de dire aux Grenoblois qu’ils font tous Grenoble, quel que soit leur temps de présence », affirme Franck Trouilloud, directeur de la communication (20 minutes, 01/02/2012). Que vous vous investissiez dans la vie locale depuis vingt ans ou que vous soyez un chercheur de passage pour six mois, c’est pareil ! La mairie vous considère simplement comme des spectateurs passifs de l’évolution de la ville. Ah non : vous pouvez aussi participer : « Un photomaton est installé à l’espace Exotop, place Victor-Hugo : tout le monde pourra avoir sa photographie comme acteur de la ville, à l’instar des affiches de la campagne Grenoble Factory  ». Encore mieux : vous pouvez même prendre part au «  grand concours créatif ! Imagine ta ville demain ! ». Pour ça, la mairie se met au langage djeun’s, ce qui donne «  1) Poste ta création (dessin, photo, montage, etc...) sur Facebook. 2) Invite tes amis à ‘’liker’’ ta création 3) Les 3 personnes ayant obtenu le plus de ‘’likes’’ sur leur photo obtiendront un Samsung Galaxy Note Tab 2  ». Au passage, la ville essaye d’enrôler les internautes dans la défense de son image : «  Fier d’être grenoblois ! Dites-le sur le Web en plaçant cette image sur votre Timeline. Mettez à jour votre profil !  ». Voilà comment Safar compte s’attirer les votes de la jeunesse pour 2014. C’est ridicule et tellement triste à la fois.

Afin que l’opération Grenoble Factory soit une réussite, la municipalité a pris soin de s’attacher les renforts du Daubé et de France 3, toujours là pour relayer les campagnes de communication du PS, et sponsors de cette opération. Plus surprenant, l’autre sponsor est la marque Lego : les enfants accompagnant leurs parents à l’exposition sont ainsi invités très sérieusement à « fabriquer leur ville » dans un petit coin grâce aux legos. Il faut sans doute y voir un symbole de l’étendue participative de la politique urbanistique de la ville de Grenoble. À quand les Playmobil dans les réunions de démocratie «  participative  » ?