C’est devenu un petit rituel. Depuis longtemps, Grenoble truste les meilleures places de classements nationaux ou internationaux des « villes les plus mieux innovantes », des « métropoles trop éco-kiffantes », des « endroits où tous les étudiants veulent venir chiller »... Ces classements sont généralement très foireux, tant pour leur déontologie (Michel Destot faisait partie du jury qui a remis à Grenoble le grand prix national écoquartier pour le quartier de Bonne), que pour leur but politique : les autorités grenobloises se sont largement vantées du fait que Grenoble soit classée « cinquième ville la plus innovante du monde » alors que ce classement est basé sur le nombre de brevets par habitant - c’est-à-dire sur la privatisation de la connaissance -, ce qui est loin d’être glorieux. L’arrivée d’Eric Piolle au pouvoir municipal a-t-elle changé la position de Grenoble dans ces classements ? En lisant le site internet des Républicains ou leur rejeton « Grenoble le changement », on aurait pu croire que Grenoble allait disparaître des premières places. Selon eux, la métropole de Grenoble serait en pleine « décroissance » depuis l’arrivée des écolo-gauchistes, les investisseurs et industriels partiraient tous en courant, les commerces seraient tous en train de fermer boutique, et les vautours ne devraient pas tarder à arriver pour manger les carcasses des derniers habitants ayant dépéri sur place. Et pourtant... Le Financial Times, pourtant pas connu pour ses positions gauchistes, vient de classer Grenoble en troisième position des « villes européennes du futur de 100 000 à 350 000 habitants ». Dans la précédente édition de ce classement qui consacre « la stratégie d’attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers », le Financial Times avait classé Grenoble cinquième. Soit une progression de deux places depuis l’arrivée de Piolle. On a également appris dernièrement que « Grenoble se place leader en terme d’écosystème au classement 2016 des villes de 200 000 à 500 000 habitants où il fait bon entreprendre selon L’Entreprise-L’Expansion et Ellisphere » (L’Express, 23/03/2016). Un peu plus tôt, le très libéral journal Les Echos (11/02/2016) assurait que « l’écosystème grenoblois résiste aux coups de semonce. (…) Plusieurs grands groupes viennent d’installer leurs nouveaux sites de production ». Le service de presse d’Innovallée, la plus importante zone d’activités de la métropole (située à Meylan et Montbonnot) nous apprend en mars 2016 qu’ « Innovallée dresse donc un bilan plus que positif de l’année qui vient de s’écouler ! Avec 47 arrivées et 25 départs, la technopole compte aujourd’hui 376 entreprises. L’emploi est donc à la hausse avec 602 nouveaux emplois en 1 an. 75% des entreprises ont vu leur CA se maintenir ou progresser. Quant au carnet de commandes, il est pour 56% des entreprises, rempli à plus de 3 mois … De quoi donner le sourire aux entreprises puisque 92% d’entre elles se disent optimistes pour 2016 ! »
Bref, s’il y a plein de choses à reprocher à Piolle, le fait d’imposer à la région grenobloise une décroissance est visiblement hors de propos. Si l’on en croit la presse capitaliste et les patrons, les écolos-gauchistes semblent mener une politique très compatible avec le système capitaliste et ses différents marqueurs (attractivité, facilité d’entreprendre, optimisme des chefs d’entreprises...). Camarades républicains, pour éviter d’écrire des inepties, concentrez-vous sur les tags et les poubelles renversées : ces graves problèmes rentrent plus dans vos domaines de compétence.