Accueil > Hiver 2019 / N°49

La privatisation du social

La pauvreté explose, les moyens publics pour y faire face diminuent… Heureusement, il y a les businessmen ! De plus en plus de fondations investissent dans le social. La fondation Boissel, du nom d’un médecin, a repris ou « absorbé » ces dernières années plusieurs structures sociales de la cuvette : les associations Miléna et Solidarité Femmes, accompagnant toutes deux les femmes victimes de violence, le traiteur et restaurant solidaire de la Villeneuve L’Arbre fruité, ou le service d’urgence du 115.
Pour remplir les caisses, en plus des donations diverses, la fondation organise chaque année un « gala caritatif » à Pôle Sud, avec aux manettes le chef du prestigieux restaurant Fantin Latour. Et la fondation Boissel n’est pas la seule à s’investir dans les problématiques sociales de la cuvette.
Prochainement à Échirolles, l’association Ma chance, moi aussi® (même dans le social, on dépose des marques) va ouvrir une antenne, après s’être développée autour de Chambéry. Son but est d’aider des gamins de quartiers populaires par une « prise en charge globale », des vacances à l’aide aux devoirs. Mais attention, c’est pas pour jouer à la marelle, hein : « L’association Ma chance, moi aussi® est basée sur une logique d’entreprise avec une forte recherche de résultats ». C’est ça qui doit plaire à tant de businessmen bienfaiteurs allégeant leurs impôts en se donnant une image sociale : l’association est financée « à 90 % par des dons d’entreprises, de fondations ou de particuliers », notamment grâce à un « chargé de mécénat » et un « responsable grands donateurs ». Parmi les « partenaires », on trouve la fondation de l’Olympique lyonnais, celle du Club Med, le fabricant de robots Staubli ou le Crédit agricole. La Ville d’Echirolles accueille néanmoins à bras ouverts cette nouvelle structure, et pour cause : elle vient un peu pallier les gros manques de services publics, sur cette commune comme ailleurs. Mais faut-il se résigner à voir des acteurs privés investir de plus en plus de domaines relevant normalement du service public ?
Quel est l’intérêt pour ces fondations d’entreprises de se ruer sur le secteur social ? Se faire de la publicité ? Défiscaliser ? Les associations n’ont pas trop le choix de refuser : les aides publiques ont subi un gros coup de rabot, notamment faute de rentrées fiscales...