Accueil > Printemps 2014 / N°25

Le blog augmenté sur papier de Geneviève F.

5 février : Interrogée par Les Échos, je m’emballe : « Si on veut avoir davantage d’étudiants, si on veut avoir une vraie équipe France, c’est la culture qu’il faut changer et il faut commencer très tôt (…). Il faut enseigner la culture de l’entrepreneuriat dès la maternelle ». C’est d’ailleurs bien dommage qu’on n’ait pas mis en place cette révolution dans l’enseignement à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires. La prochaine fois, je proposerai au gouvernement qu’on instaure des ateliers obligatoires, ludiques et interactifs « monte ta start-up » pour les 3-6 ans.

13 février : Depuis trois jours, j’accompagne le président en visite aux United States of America ! Hier, alors qu’on arpentait la fameuse Silicon Valley, François a dit tout le bien qu’il pensait de ces entrepreneurs qui fuient la France pour monter leur business et s’enrichir aux États-Unis. Aujourd’hui, je publie une tribune dans le Huffington Post pour affirmer qu’« une Silicon Valley à la française, c’est possible ». J’y évoque encore notre grand problème français : le manque de « culture entrepreneuriale » auquel j’espère remédier grâce à toutes les réformes que j’ai mises en place dans l’enseignement supérieur. Et puis j’en profite aussi pour faire un peu la promotion de Giant, la Silicon Valley que nous sommes en train de monter sur la Presqu’île de Grenoble ! Pendant le voyage, j’ai appris que certains habitants de San Francisco osaient manifester contre les entreprises de la Silicon Valley et leurs employés. On m’a même fait lire le tract plein d’insanités d’un groupe de réactionnaires qui a bloqué des bus de salariés de Google. Extraits : « Vous n’êtes pas des victimes innocentes. Sans vous, les prix des logements ne seraient pas à la hausse et nous ne serions pas menacés d’expulsion. Vous vivez votre vie, entourés par la pauvreté, le déracinement et la mort, apparemment inconscients de ce qui se passe autour de vous, à fond dans vos gros salaires et le succès. Mais regardez autour de vous, voyez-vous la violence et la destruction ? C’est le monde que vous avez créé, et vous êtes clairement du mauvais côté. Vous pensez certainement que les technologies que vous créez servent le mieux-être de tous les humains. Mais en réalité, ceux qui bénéficient de ces développements technologiques sont les publicitaires, les riches, les puissants et les analystes de la NSA et leur réseau de surveillance des e-mails, des téléphones, et des médias sociaux ». Encore des aigris nostalgiques du téléphone fixe qui n’ont rien compris. Ça me rappelle les anti-tout grenoblois.

14 février : Come back in Grenoble ! Je suis venue décorer une grande amie à moi, Jeanne Jordanov, en lui remettant la médaille de l’Ordre national du mérite. Après avoir été directrice de la recherche au CNRS, Jeanne travaillait jusqu’à récemment à mes côtés en tant que chargée de mission pour mon ministère. J’ai depuis réussi à la recaser en l’imposant numéro deux sur la liste de Jérôme Safar, celui que Destot a choisi pour mener la liste du PS aux municipales de 2014. Dans la future municipalité, elle sera mon fidèle relais et pourra mettre en place toutes les idées de génie que moi ou Jean Therme, le directeur du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) trouverons.

15 février : Et bingo ! Dans le programme que Jérome Safar présente aujourd’hui, une idée me fait particulièrement plaisir : donner des tablettes numériques à chaque élève de CP. Voilà qui facilitera ma grande œuvre consistant à inculquer la culture de l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge. J’espère que nos ingénieurs développeront bientôt une application permettant aux 6-8 ans de comprendre ce qu’est une levée de fonds, un transfert de technologies ou la nécessité de l’innovation permanente.

17 février : Pour tout vous avouer, j’ai été un peu déçue des retombées presse de mon voyage aux États-Unis. Comme d’habitude, les médias en ont fait des tartines sur cette pimbêche de Fleur Pellerin, mais presque rien sur moi qui maîtrise pourtant l’anglais à merveille. J’ai donc appelé mon dévoué quotidien régional, Le Daubé, pour lui raconter mon voyage et analyser finement la situation : « Finalement Barack est un peu comme François, il est cérébral, il a besoin de conceptualiser, de globaliser. Il a beaucoup remercié François pour les interventions en Afrique. Il lui a été reconnaissant de ne pas avoir été trop virulent sur les écoutes NSA ». D’ailleurs, il ne faut pas oublier que ces écoutes, c’est avant tout de l’innovation. à propos de l’incident avec le président du Medef, j’ai tenu à préciser : « Je connais bien Pierre, il vient du monde de l’entreprise, il ne connaît ni les codes de la politique, ni ceux des journalistes. Il est venu me voir pour m’en parler, il s’est senti piégé. » Heureusement que je suis là pour consoler le président du Medef !