Pendant que d’autres se payent de grandes publicités dans des sucettes Decaux, nous collons quelques centaines d’affiches dans les rues de Grenoble à la sortie de chaque numéro du Postillon. Une manière de se faire connaître et d’attirer de nouveaux lecteurs qui n’a pas l’air de plaire à tout le monde. Car quelques jours plus tard, c’est à chaque fois avec un certain amusement que nous découvrons que nombre d’entre elles ont été arrachées par des « amateurs » : avant qu’elles ne soient enlevées par le service « propreté urbaine » de la mairie (qui, lui, fait ça bien, avec du matériel, et ne laisse aucune trace), certains s’acharnent maladroitement à enlever des bouts de notre propagande. A voir ces lambeaux enlevés, ici et là, de manière incomplète et brouillonne, on devine le geste ulcéré du passant excédé par nos affiches. Bien entendu, quelque part, cela nous réjouit et nous honore que notre modeste existence puisse en énerver certains au point qu’ils s’abîment les ongles à tenter de rendre nos écrits illisibles.
Mais, d’autre part, cela nous attriste en imaginant ces personnes, sûrement en pleine dépression, au point de ne pas supporter qu’un petit journal local puisse critiquer ses amis (la municipalité ? Le Daubé ? Carignon ? Une grande entreprise locale ?) et en plus faire sa promotion sur les murs de la ville. Sont-elles à ce point désespérées pour se contenter de ce geste furtif et inabouti ?
Si nous aimons avoir des opposants, on ne se réjouit pas de les voir réduits à n’exprimer leur mécontentement que par des actes puérils et brouillons. Un peu de classe, enfin ! Écrivez des textes virulents nous démontant ! Taguez des gros slogans sur nos affiches ! Kärcherisez-nous !