De quoi s’agit-il ? D’un mail du 13 août 2015 intitulé « info budget #6 » apparemment un des derniers numéros d’une espèce de newsletter envoyée à tous les élus pour préparer le budget de 2016, première étape du mal nommé et désormais célèbre « Plan de sauvegarde et de transformation des services publics locaux » (sic !). Il a été écrit par Odile Barnola, chargée à l’époque des questions de finances au sein du cabinet de Piolle, devenue depuis directrice de cabinet.
Dès les premières lignes, les priorités sont clairement énoncées : « Dans le contexte budgétaire alarmant que traverse la ville, nous avons fait le choix de tenir la parole donnée aux Grenoblois : investir pour transformer durablement Grenoble et améliorer le quotidien des habitants, traiter le fond des problèmes plutôt que faire du “social-greenwashing”. » Elle poursuit : « Politiquement, tenir notre parole dans un contexte d’austérité, c’est utiliser le mandat 2015-2020 pour investir et mettre la ville sur les rails du XXIe siècle. Alors qu’en 2014 nous avions récupéré la ville dans un état plus que fragile, en 2020 nous aurons réussi à éviter le pire, et aurons alors les marges pour passer à la vitesse supérieure [smiley] »
« Plusieurs scénarios sont possibles »
Après avoir évoqué l’engagement de campagne de ne pas augmenter les impôts locaux (chouette ! Enfin un engagement tenu !) et la difficulté d’augmenter la dette actuelle, Barnola rappelle la seule solution retenue pour faire face à la baisse des dotations d’Etat en 2016 : « Au 1er séminaire 4 hypothèses avaient été présentées pour 2016. L’hypothèse 3 était la seule ‘‘réaliste’’ : elle se basait sur un effort sur les dépenses de fonctionnement de 5,5 M€. » Et de s’interroger ensuite pour les quatre années à venir : « Et après ? à partir de cette hypothèse 2016, plusieurs scénarios sont possibles pour les années 2017-2020. » Et c’est là que ça devient intéressant puisque « selon les hypothèses retenues, notre capacité d’investissement 2016-2020 peut passer de 132 M€ sur les 4 prochaines années, à 164 M€, soit une différence de 32 M€ (!!!). » Et d’expliquer que ces écarts résultent de la combinaison d’emprunts supplémentaires (0 à 5 M€), de vente potentielle des participations dans les sociétés d’économie mixte Minatec et Grenoble Habitat (0 à 7 M€) mais surtout de réduction des dépenses de fonctionnement (de 9 à 39 M€ cumulés sur 5 ans), obtenue pour une bonne part par une diminution conséquente de la masse salariale (environ 150 postes par non-remplacement des départs à la retraite et des départs « naturels »).
Le service public aurait pu être sauvé
Un petit tableau donne le détail des deux hypothèses extrêmes.
1) La première vise une économie de 39 M€ au total. Ainsi, les dépenses de fonctionnement sont réduites de 5 M€ en 2016, puis à nouveau de 5 M€ en 2017. En 2018, elles sont légèrement augmentées de 1 M€ (tout juste la prise en compte de l’inflation). Tout comme en 2019. En 2020, année électorale oblige, on vise les deux millions…
2) Dans la seconde hypothèse (qui vise 9 M€ de réduction), les dépenses de fonctionnement de 2016 ne sont amputées que de 4 M€, celles de 2017 de 3 M€. En 2018, 2019 et 2020 il y a par contre 4,3 et 5 M€ d’augmentation des dépenses de fonctionnement !
Ainsi entre les deux hypothèses, au bout de deux ans, il y a déjà un écart de 3 M€ : largement de quoi maintenir les trois bibliothèques actuellement promises à la fermeture puisque l’économie annuelle escomptée (13 postes non renouvelés) a été estimée à près de 600 000 €.
C’est évidemment la première solution « à 39 M€ cumulés » qui a été choisie par la bande à Piolle, préférant au maintien d’un service public de lecture dans les quartiers sud, la possibilité de faire plus d’investissements pour la fin de mandat. Ça fera plaisir au BTP et pourra aider aux prochaines municipales