Accueil > Avril 2018 / N°45

Villard-Bonnot, terre maudite ?

Triple peine à Villard-Bonnot. Nos lecteurs se souviennent que certains habitants de ce village du Grésivaudan doivent déjà subir les nuisances de Terralys. Cette filiale de Suez environnement est spécialiste du compostage industriel, ce qui amène un certain nombre de mouches et de la puanteur dans tout le voisinage, et notamment chez les Bony, des gens du voyage habitant à moins de cent mètres de l’usine (voir Le Postillon n°42 et 43). Suite à la réunion que nous avions relatée, la préfecture vient d’ailleurs de mettre en place le « jury d’odeurs » annoncé, dans le but de soi-disant « objectiver » les mauvaises odeurs que tout le monde sent depuis des années. Ce machin va durer pendant une année, et permet surtout à la préfecture de gagner du temps. Ce même jour, la sous-préfète avait également promis qu’une réunion serait organisée au mois de novembre 2017 pour discuter de la situation des Bony... Cinq mois plus tard, toujours rien : « on pète les plombs, on n’en peut plus de ce mépris », nous explique sobrement Marie Bony.
Bref, il y a donc cette usine de compostage industriel. Et puis dans la même zone, il y a un projet d’installer la société Safimet qui veut y implanter une « unité de transit de déchets dangereux ». Son but est de récupérer des métaux précieux dans toutes sortes de déchets (bijoux, traitements de surfaces, industrie pharmaceutique, électronique), en utilisant notamment un four à fonte et un broyeur-tamiseur, qui risquent de rejeter beaucoup de poussières toxiques.
Enfin, toujours au même endroit les habitants viennent dernièrement d’apprendre qu’une déchetterie industrielle – filiale de Suez là aussi – serait également en projet. « On a la scoumoune à Villard-Bonnot », déplore Abdel, membre du « collectif des habitants de Villard-Bonnot pour une meilleure qualité de vie ». « Pendant ce temps-là, de l’autre côte de la vallée, à Crolles, ils construisent des éco-quartiers... » C’est pas nouveau, mais c’est toujours aussi vrai : il y a d’un côté la rive droite du Grésivaudan, avec ses communes parmi les plus riches du coin et ses centres de haute technologie, et puis de l’autre la rive gauche, avec ses papeteries abandonnées et ses projets de déchetterie. Tiens, ça pourrait faire un bon long sujet, ça : que les personnes qui auraient envie d’en causer nous contactent.