Accueil > Avril 2018 / N°45

Balance ton (directeur de) daubé

Ça doit être un oubli. Mais c’est embêtant quand même : les lecteurs du Dauphiné Libéré n’ont pas pu lire une information pourtant très intéressante. Ne voyons pas le mal partout : l’erreur est humaine. Donc on va réparer cet oubli, surtout pour ceux, qu’on sait nombreux, lisant à la fois Le Postillon et Le Dauphiné Libéré. Le 5 mars dernier, le directeur de ce noble quotidien, Christophe Tostain qu’il s’appelle, a passé la journée en garde à vue. La veille, sa concubine était allée à la gendarmerie pour se plaindre de violences de sa part. « Les gendarmes se rendent à son domicile et trouvent Christophe Tostain “fortement alcoolisé et violent”. Ils se font insulter et monsieur Tostain les menace de “les faire muter”, en raison de ses relations » (France 3, 8/03/2017). Deux jours plus tard, il est déféré pour « violences sur conjoint », placé sous contrôle judiciaire et devrait prochainement passer en procès. Le jour où quelques médias révélaient cette affaire, Le Dauphiné Libéré faisait sa une sur la journée des femmes sans en piper mot. Les syndicats du journal, scandalisés, ont révélé dans un communiqué du 9 mars quelques détails instructifs : « Lors d’une réunion à Grenoble ce jeudi, le PDG s’est exprimé en expliquant qu’il s’agissait d’une affaire privée et qu’il était “serein et confiant” quant à son issue judiciaire. Il a, par la suite, demandé aux salariés “d’être solidaires en cette période difficile pour lui”. Les syndicats du DL sont extrêmement choqués par cette affaire qui ternit l’image de notre journal. Nous comprenons les salariés qui, choqués par la demande du PDG, ont quitté la réunion et nous les soutenons. Nous condamnons l’absence de traitement de ce fait-divers dans les pages du journal. En tant que quotidien régional, le Dauphiné Libéré doit une information transparente aux lecteurs. Au lendemain de la révélation de l’affaire, nous constatons un manquement à cette mission. » Ah bon ? Ce n’était pas un oubli, alors ?