Accueil > Octobre 2016 / N°37

Le recrutement augmenté

Samantha (pseudo) a récemment postulé pour bosser dans un centre d’hébergement de personnes précaires et/ou migrantes. Suite à un premier entretien avec la directrice, il lui a été demandé de faire un « test d’évaluation des compétences comportementales en milieu professionnel ». Une série de 70 questions auxquelles répondre toute seule derrière son ordinateur « sans réfléchir ». Commercialisé par l’entreprise PerformanSe (une notion tellement importante dans le travail social !), ce test permet soi-disant aux employeurs « d’optimiser leurs décisions sur la base de données fiables et justes et d’augmenter la performance de leurs entreprises ». En guise de « données fiables », la chercheuse d’emploi a dû répondre « rapidement » à des questions du type :
« - Je recherche surtout : à être obligeante et serviable / à conserver mon indépendance.

  • L’enthousiasme est pour moi : une condition indispensable pour bien réussir / un emballement ou une excitation passagère.
  • Lorsque je rencontre une opposition : Je discute fermement sans craindre d’éventuelles tensions / Je recherche un accord pour maintenir une bonne ambiance.
  • Quelle est la proposition qui vous correspond le mieux ? J’ai l’habitude d’aller jusqu’au bout de mes idées / j’évolue et je m’enrichis en écoutant les autres. »
    Autant de questions qui permettent d’obtenir un bilan généré instantanément par un logiciel. Un bilan censé « instaurer une relation de confiance et de communication » entre l’employeur et l’employée ; et surtout permettre à l’employeur « de détecter d’éventuelles incompatibilités au niveau des qualités humaines attendues ». Samantha n’en revient pas : « Je trouve fou qu’une structure sociale fasse davantage confiance à un programme informatique qu’à la rencontre. Je fais du travail social parce que je crois en l’humain. Je ne souhaite pas être examinée comme un individu statistique dont il faudrait optimiser les compétences. Si on considère l’humain comme un facteur d’erreur - puisque certaines directions ont besoin de logiciels pour recruter - pourquoi ne pas remplacer carrément les travailleurs sociaux par des logiciels d’accompagnement ? » Et les patrons ? Ils en diraient quoi d’être remplacés par des logiciels ?

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