Odeurs non virtuelles
« Je lisais Le Postillon dans le TER de retour de Lyon, et en même temps j’ai eu mon premier voisin de train en casque de réalité virtuelle. Il était devant moi de dos, siège devant en diagonale. Un homme assez jeune à l’apparence assez tranquille en pull de laine et veste en peau de mouton retournée (je l’ai remarqué quand il s’est couvert avant de sortir), il a passé le trajet à hocher très légèrement la tête un peu à gauche un peu à droite, les mains jointes et légèrement en l’air la plupart du temps, vivant peut-être des choses dans un grand espace vaste. C’était mon premier.
Le casque était blanc avec de bonnes sangles pour bien saisir la tête.
Moi derrière, comme je bouffe du fer à cause de l’anémie et que j’ai oublié de prendre l’antiflatulent qui va avec, j’avais les intestins complètement explosés, c’était terrible. En général il y a un moment où j’ai droit à un regard perplexe à cause de l’odeur, une tête qui se retourne (voire un changement de place), mais là, rien, le gars a pas bronché et j’ai pensé que comme il avait le casque et les écouteurs ça devait suffisamment l’extraire, ou alors peut-être que son aventure intérieure se passait dans un endroit où une odeur de soufre était cohérente, j’ai imaginé un long désert orange et marron et des volutes de fumée venant du sol percé. Je me suis demandée si tout ça (ces effluves) avaient été une tentative inconsciente de ma part d’entrer en contact avec lui, de partager le même monde.
En tout cas, y a pas eu de regard ni de geste, ni rien. Pourtant je pense quand même qu’il avait un mode “garder un contact avec l’extérieur” car quand le contrôleur est venu il a réagi très vite, et ça m’a étonnée. » E.
À nous les carnets de chèques !
« Phaétons saliveux, je vous contacte afin de reprendre abonnement à votre canard glaireux mais pas boiteux pour le lire plaisamment et indifféremment aussi bien dans la cuvette qu’aux WC. (…) Vous trouverez par conséquent joint au présent courrier un chèque du montant de 35 euros, en vous remerciant de me permettre d’écouler ce carnet de chèques entamé depuis 4 ans et dont les bénéficiaires se réduisent désormais à vous, à mon organisation syndicale ainsi qu’à la coopérative de l’école de mon fils. » C.
À propos de l’Abbé Pierre
« À propos de la très brève sur l’abbé mon tonton, vous jouez doublement sur ses noms... dont l’un à votre insu (de votre plein gré, bien sûr). En effet non seulement son pseudo de temps de guerre est Pierre mais de plus son vrai nom est Grouès, qui signifie étymologiquement un lieu empierré ou la grosse pierre (Alpes-de-Hautes-Provence). Si l’abbé, le saint a chuté post mortem, l’homme lui se révèle avoir été en fait assez “ordinaire”, dans le sens où il a refusé de s’occuper d’une sexualité bien problématique... Ça le rend peut-être plus humain d’avoir un si gros défaut ?! » Guy Tuscher