Accueil > Mai / Juin 2013 / N°20

Critique médiatique à deux roues

Grenews, que l’on ne présente plus, titre photo à l’appui : «  À Grenoble, comment pédaler en sécurité ? » Les deux pages consacrées à ce « dossier » ont provoqué l’ire de certains cyclistes [1]. Ne prenant en compte que deux points de vue institutionnels [2], celui de la mairie de Grenoble et celui de la préfecture, l’article tend à stigmatiser... les cyclistes. François, président d’uN p’Tit véLo dAnS La Tête [3] démonte quelques-unes des âneries proférées dans ce papier.

Pour Jean Rampon, directeur du cabinet de la préfecture, la solution est simple pour lutter contre le nombre de décès et d’accidents des vélocipédistes : monter « des opérations de sécurité routière d’envergure  » parce que comme il le dit si bien «  la pédagogie doit d’abord s’appuyer sur la répression  ». Traduction : des CRS ont récemment distribué des prunes à des cyclistes dans le centre-ville de Grenoble et ils récidiveront au mois de juin prochain. François s’insurge : « C’est n’importe quoi de dire qu’il faut faire de la pédagogie répressive, c’est un oxymore. Soit on fait de la pédagogie, soit on fait de la répression. Les institutions doivent choisir. Qu’est-ce qu’il fait le dir’ cab’ du préfet quand ses enfants font une bêtise ? Il leur met un coup de bâton ou il leur explique ? » D’autant plus que « les CRS qui verbalisaient les cyclistes, on les a vus. Ils avaient garé leur moto au milieu des pistes cyclables et ils étaient en fait hyper dangereux pour les cyclistes. » La répression ça ne marche pas et puis François pense «  que les gens qui ont été verbalisés, ils vont être plus vigilants pour voir si y a pas des flics aux intersections au lieu de regarder s’il n’y a pas des bagnoles. »

Pour l’adjoint aux déplacements de la Ville de Grenoble, Jacques Chiron, «  Grenoble n’est pas dangereuse pour les vélos. (...) Aujourd’hui, 7% de la population grenobloise se déplace à vélo, donc mécaniquement le nombre d’accidents augmente. » François acquiesce malicieusement : «  Oui il a raison, ce n’est pas dangereux de faire du vélo, on est convaincu de ça. Ce qui est dangereux c’est les voitures, c’est pas les vélos. Comme on est plus fragile à vélo, et qu’on ne pèse pas une tonne cinq et bien il faut être plus vigilant par rapport à ce qu’il y a autour nous. » L’article poursuit : «  Et si [Chiron] sait que le comportement des automobilistes peut parfois aussi être mis en cause, il constate toutefois qu’il y a “plus de progrès” chez ces derniers. » Qu’est ce qu’il en pense le président d’uN p’Tit véLo dAnS La Tête ? «  Sincèrement, je ne sais pas d’où il sort ça. J’aimerais bien avoir ses sources. Est-ce que c’est son ressenti ? Stigmatiser une population par rapport à une autre comme le fait Chiron en disant que les automobilistes se comportent bien et que les cyclistes font n’importe quoi, ça ne fait qu’exacerber des tensions, ça ne règle rien aux problèmes.  » Et l’adjoint de dénoncer «  le comportement dangereux  » de certains, lui qui a «  vu des personnes agressives à vélo, qui, sous prétexte qu’elles sont à vélo, se croient tout permis. » Automobilistes, tremblez ! François tient à corriger : « On a rarement vu un cycliste, même s’il se croit tout permis, tuer un automobiliste.  »

Bon, alors tentons de répondre à la question : « comment pédaler en sécurité » ? Ou du moins ébaucher quelques pistes. «  Quand on se déplace en ville à vélo, on est plus proche du piéton que de la bagnole, donc on se déplace un peu comme les piétons. Le code de la route n’est pas adapté pour les cyclistes, il devrait être différent de celui des automobilistes.  » La Ville de Grenoble a mis en place dans certaines rues des doubles sens cyclables et des tourne-à-droite à des feux, une bonne initiative selon François qui propose de généraliser ces dispositifs «  à toute la ville et de limiter la circulation à 30 km par heure.  »
En attendant que les bagnoles disparaissent à tout jamais de la ville, notre cycliste esquisse une autre solution plus réaliste : « Ce qu’il faut faire c’est mettre plus de vélos dans les rues, plus il y en a et plus les automobilistes font gaffe, et moins il y a d’accidents. »

Notes

[1Grenews N°223 semaine du 27 mars - 2 avril 2013.

[2Un troisième article relate une « leçon de conduite » avec une membre de l’ADTC (Association pour le développement des transports en commun).

[3Association qui promeut l’image et la pratique du vélo comme mode de déplacement quotidien depuis 1994.