Accueil > Octobre 2009 / N°02

Edito

«  Ah non je crois que ça ne va pas être possible. Ici, on ne met pas de choses qui critiquent Destot et la mairie. C’est un service public municipal, c’est la mairie qui nous finance, alors voilà c’est dommage mais on peut pas laisser ça à la lecture  » répond une employée de la bibliothèque Saint-Bruno à qui l’on demandait de laisser en libre consultation les deux premiers numéros du Postillon.

Naïfs, nous avions pourtant lu avec attention les «  missions des bibliothèques municipales de Grenoble  » : «  favoriser l’accès à l’information ; former le public à son utilisation, sous toutes ses formes (...) et fournir un espace public de rencontre, de confrontation et de réflexion (la bibliothèque comme lieu de vie sociale), et de débat citoyen  ».

Elles devraient donc pouvoir accueillir des écrits critiques envers la politique municipale. A Grenoble, cela ne semble pas être le cas. [1]

Le Parti Socialiste dénonce souvent vigoureusement les relations très proches du président de la République avec la plupart des propriétaires des médias, ses intrusions répétées dans les médias étatiques (France 2 ou 3, Radio France...) et des cas de censure. Juste combat que de vouloir défendre la liberté d’expression, la diversité des points de vue, le droit à la critique, même dans les services publics. Il paraît que «  c’est essentiel à la Démocratie  ».

Ce qui semble être l’un de leur cheval de bataille au niveau national ne l’est plus à l’échelon local. Ici, à Grenoble et dans son agglomération, où le PS règne à tous les échelons du pouvoir (communal, intercommunal, départemental et régional), la critique n’est pas la bienvenue, surtout quand elle s’immisce dans des structures plus ou moins «  institutionnelles  ». Rappelez-vous quand la mairie de Grenoble avait sermonné des associations subventionnées par la ville qui avaient eu l’outrecuidance d’accueillir des opposants à Minatec. Ou encore lorsque Michel Destot, ne supportant pas que des Grenoblois s’opposent à la candidature de «  sa  » ville aux JO, avait dénoncé une attitude «  indigne des principes républicains et démocratiques  » (conseil municipal du 23/03/09) .

Il ne s’agit – pas encore – ni de censure visible et franche, ni de menaces physiques ou autres méthodes staliniennes. Mais une certaine organisation de la vie locale qui fait qu’en dehors des cadres convenus des élus d’opposition d’accord sur l’essentiel, il est mal venu de critiquer les choix municipaux. Peur de perdre une subvention, de ne plus pouvoir avoir accès à tel local, tel terrain... Alors soit on ferme sa gueule, soit on râle dans son coin. La proximité entraîne souvent la peur de critiquer et le règne du consensus mou. Au niveau local encore plus qu’ailleurs, l’Art est aisé mais la critique est difficile.

Voilà ce qui pousse sans doute une employée des bibliothèques municipales à refuser une publication comme Le Postillon.

Vous comprendrez donc aisément que dans ce contexte hostile, le numéro 2 du Postillon sort avec quelque peu de retard. Les neurones grillés par la canicule grenobloise, n’osant plus faire de reportages à cause de la grippe A, nous avons dû en plus faire face à de nouvelles défections (le nouveau maquettiste que l’on avait dégoté nous avait caché qu’il travaillait à France Télécom...). Tentés un moment par l’arrêt total, nous avons eu peur de laisser croire que l’on marchait dans les pas du GF38. Finalement nous avons délaissé les ramassage de cèpes et chanterelles pour pondre ces quelques pages. N’hésitez pas à les proposer à votre bibliothécaire !

Notes

[1Demande identique à la bibliothèque d’études de Grenoble qui étudiera notre demande lors de «  leur commission annuelle  » en... juin 2010