Mercredi 20 mars 2013, curieuses de connaître l’argumentaire de l’opposition à Grenoble, nous nous rendons à la première primaire municipale UMP à la maison du tourisme.
à l’entrée on paye à contre-cœur deux euros et signons l’engagement suivant : « Je soussignée déclare sur l’honneur souhaiter le changement de municipalité de Grenoble en 2014 et la participation de l’UMP à la prochaine équipe municipale. » Sans ça, pas moyen de rentrer. Nous parvenons à subtilement éviter la pétition contre le droit de vote des étrangers. Un rapide coup d’œil dans la salle permet d’identifier la population, âgée, composée essentiellement d’hommes. Les femmes sont soigneusement habillées, « brushinguées », et les rares jeunes présents sont derrière des caméras et appareils photo. Il y a à peine deux cents personnes, ce qui n’est pas grand-chose par rapport à l’énorme « succès » revendiqué ensuite par les organisateurs. Ces derniers ont bien choisi leur salle, « 174 place assises » (site internet de l’office du tourisme), pour être sûrs qu’elle soit pleine.
Jean Claude Peyrin, président de l’UMP38, en maître de cérémonie, introduit les candidats. Il y a là Denis Bonzy, blogueur grenoblo-bostonien ; Colin Lecordier et Benjamin Piton, deux marionnettes au discours hésitant censées représenter la jeunesse BCBG ; Mathieu Chamussy, fils spirituel de Max Micoud ; et Alain Carignon, habitant de Marrakech en vacances à Grenoble.
Nous vous épargnerons les détails du verbiage pompeux étalé ce soir-là. La droite ne se démarque pas du tout de la gauche (à moins que ce ne soit l’inverse) sur les grands enjeux locaux : mutation de Grenoble en une « smart-city » attractive, accroissement des écarts entre les riches et les pauvres, élaboration d’un « laboratoire sécuritaire », urbanisation intensive du sillon alpin, gaspillage financier investi dans l’innovation technologique. Pour exister, elle est obligée de tomber dans la dramatisation de faits mineurs (il paraît que l’insalubrité des vestiaires du stade de rugby est une priorité), dans l’outrance sécuritaire (Chamussy voudrait tapisser entièrement la ville de caméras de vidéosurveillance), dans l’attisement des peurs vis-à-vis des « étrangers » (en bons humanistes, ils se réjouissent que 75 % des demandes d’asile aient été rejetées en Isère) ou dans la surenchère pro-métropolitaine (à les entendre Grenoble serait une ville isolée, enclavée, limite à l’abandon alors il faudrait remplir les environs d’autoroutes et de lignes à grandes vitesses). Youpi. Le débat des élections municipales s’annonce passionnant.
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