Accueil > Hiver 2023-2024 / N°71

Dans ce numéro, seulement deux pages sur STMicro

Féminisme-washing

Comme toute boîte moderne qui se respecte, STMicroelectronics est censée être à la pointe du combat pour l’égalité hommes-femmes, s’associant à tous les « combats » œuvrant à féminiser les métiers de la « Tech » : « Technologies, pas sans elles » ; « Elles bougent » ; prix « Female Up » et « Comer Award »… Début novembre, on a pourtant appris que notre multinationale préférée a été condamnée par la cour d’appel de Grenoble pour « discrimination liée au sexe ». « La société spécialisée dans la fabrication de semi-conducteurs devra verser plus de 800 000 euros à dix de ses salariées iséroises qui dénonçaient des évolutions de carrière moins rapides que leurs collègues hommes  », nous apprend Le Daubé (2/11/2023). En dehors des faits édifiants, la réponse de ST rapportée dans l’article est symptomatique. Loin de toute excuse ou remise en question, la société assure qu’elle est irréprochable : « ST ne tolère aucune discrimination, qu’elle soit d’âge, de sexe, de handicap ou sur tout autre fondement. En termes d’égalité femmes-hommes, la société mène depuis plusieurs années des actions volontaristes matérialisées notamment par des accords collectifs depuis 2006. ST a également mis en place des programmes de formations internes sur la question de l’égalité destinés exclusivement au développement de carrière des femmes. Sur la question des salaires et de l’évolution de la carrière, chaque année le sujet est examiné devant le CSE, sur la base du document de référence qu’est le rapport de situation comparé. […] Nous avons également mis en place dès 2011 la méthode des profils référents qui vise à assurer le principe de non-discrimination. Dans l’Index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes publié par le ministère du Travail, ST atteint la note de 93/100 en 2022  ». En gros : circulez, y’a rien à voir, malgré la condamnation sans équivoque du tribunal. Une communication similaire à celle utilisée sur la problématique de l’eau, où la multinationale se défend en assurant «  respecter les seuils  » et en promettant monts et merveilles de réutilisation. L’exemple de la discrimination sexiste avérée rendra-t-il moins crédules les élus gobant pour l’instant ces promesses sans moufter ? Rien n’est moins sûr...