Accueil > Automne 2021 / N°62

Glenat(ge) en eaux troubles

Qu’il est sympa ce Jacques Glénat ! Il a tant fait pour la bande dessinée avec sa maison d’édition ! Et le patrimoine grenoblois, avec la réhabilitation du couvent Sainte-Cécile ! Et le patrimoine tout court avec tous ses bouquins historiques ! Quelle œuvre ! Bon, il y a cinq ans, on avait essayé de salir la réputation de cet homme bien sous tous rapports : « Jacques Glénat affirme n’avoir aucun lien avec les Panama Papers. Cité hier par les journalistes du Monde dans le scandale fiscal qui touche des milliers de personnalités aux quatre coins du monde, l’éditeur de bande dessinée s’est défendu de posséder une affaire illégale. Joint par nos confrères de France Télévisions, l’homme d’affaires a certifié n’avoir rien à se reprocher » (Le Figaro, 7/04/2016).

Cinq ans, c’est si loin, si proche. En septembre 2021, l’éditeur grenoblois Jacques Glénat a été condamné « à dix-huit mois de prison avec sursis, 200 000 euros d’amende et la confiscation de 470 000 euros pour de l’évasion fiscale révélée par les “Panama papers” ». Une erreur de justice ? Pas du tout. Si en 2016 il avait clamé son innocence et s’était dit « scandalisé » par des « amalgames  », en 2021 Glénat a « “tout à fait” reconnu sa culpabilité pour ces faits de “blanchiment de fraude fiscale aggravée”. (…) Le parquet spécialisé dans les atteintes à la probité a évalué “le préjudice total fiscal à 2,2 millions d’euros”, et noté que M. Glénat avait progressivement fini par reconnaître au cours de l’enquête qu’il était “parfaitement conscient du montage délictueux et des conséquences fiscales” » (Le Monde, 7/09/2021). 200 000 euros d’amende et 470 000 euros confisqués pour un préjudice de 2,2 millions d’euros, c’est pas cher payé : on a connu des juges plus sévères avec des voleurs de supermarché. En tous cas tous les auteurs de la maison qui se plaignent souvent d’être mal payés savent maintenant où était l’argent. Selon l’enquête, 9,9 millions d’euros avaient été dissimulés. À quand une BD sur les « schémas frauduleux » et les « montages sophistiqués  » mis en place par le bienfaiteur de l’édition ?