Accueil > Automne 2020 / N°57

Aux jardins de la Buisserate avec Antoine de Saint-Exupéry

Ici on déboise comme on tue

Quand j’ai écrit mon premier article sur les jardins de la Buisserate, en février 2019, je pensais que c’était une cause perdue, que jamais personne ne se bougerait pour sauver ce dernier espace non urbanisé du bas de Saint-Martin-le-Vinoux promis à l’édification de quatre immeubles. J’avais tort et la lutte pour sauver ces jardins a pris ces derniers mois de plus en plus d’ampleur. Une association d’habitants et un collectif écolo ont relancé le jardinage, en se donnant rendez-vous tous les dimanches. Dans la nuit du 4 au 5 septembre, six personnes venues repérer les lieux pour une éventuelle occupation se sont mangé 60 heures de garde-à-vue et des contrôles judiciaires extrêmement sévères dignes des procédures anti-terroristes.
Je suis retourné souvent à la Buisserate. Pour voir Raphaël, le vieux jardinier dont je parlais dans le premier papier, pour prendre le goûter le dimanche avec les jardinières, pour suivre des manifs, des flics ou des ados du quartier. J’en revenais selon les jours un peu mélancolique ou émerveillé, déconfit par la marche du monde et la distance qui sépare tous ces gens, curieux de savoir ce qui pourrait les réunir. Devant ces arbres debout, devant ce vieux jardinier, des bribes de Terre des hommes ressurgissaient et je me demandais si Saint-Exupéry pourrait nous tirer d’affaire [1].

Peut-être qu’il fait ça juste pour passer le temps, Raphaël. À 95 ans, un jour chasse l’autre. Ce que je prends pour de la sagesse, de l’opiniâtreté, ce serait une occupation en attendant de ne plus en pouvoir. Qui du chantier ou de la mort arrivera en premier ? « Je m’en fous », qu’il dit souvent avec son beau sourire. On est assis au soleil et je savoure sa compagnie. Je l’aime bien, il m’attendrit. Il m’explique encore une fois comment greffer les cerisiers ou les pêchers, à la descente de sève à partir de mi-août, en incisant l’écorce, pour y glisser un bourgeon. Ça fait deux ans qu’il m’explique et que mes greffes loupent, pourtant je m’applique.

Lui, on lui fout la paix, il continue d’aller et venir, il a le privilège de l’âge et puis comme il dit en souriant « je suis chez moi  ». Ça fait 72 ans qu’il bêche ici. J’ai eu du bol ce mercredi. Le vigile posté habituellement au beau milieu du jardin n’était pas là, ou dormait dans sa voiture. J’ai pu entrer et rester une heure et demi avec Raphaël, c’est sans doute la dernière fois. Un ancien du quartier a aussi réussi à entrer sans être vu. « Avant des légumes on en achetait jamais ! Raphaël il peut le dire, mon père il arrosait les voisines avec les légumes, tous les jardiniers ils en donnaient à tout le monde. »

Quand je me lève pour partir on regarde encore son cerisier et puis le vigile s’affole, il traverse le terrain pour me demander de sortir avant que son chef n’arrive et ne me voie.

En partant, je repense à un passage de Terre des hommes, un bouquin d’Antoine de Saint-Exupéry lu il y a des années. « Je me rappelais une vraie mort d’homme. Celle d’un jardinier, qui me disait : “vous savez… parfois je suais quand je bêchais. Mon rhumatisme me tirait la jambe, et je pestais contre cet esclavage. Eh bien, aujourd’hui, je voudrais bêcher, bêcher dans la terre. Bêcher ça me paraît tellement beau ! On est tellement libre quand on bêche ! Et puis, qui va tailler aussi mes arbres ?” Il laissait une terre en friche. Il laissait une planète en friche. Il était lié d’amour à toutes les terres et à tous les arbres de la terre. C’était lui le généreux, le prodigue, le grand seigneur ! »

Mon « grand seigneur » n’est pas complètement d’accord avec les jeunes qui s’activent dernièrement pour sauver ces jardins. Il leur a filé des coups de main et des conseils, il n’est pas contre mais il trouve que c’est trop tard. Les panneaux des permis de construire sont accrochés là depuis 19 mois, selon lui il fallait faire des recours plus tôt. Alors il les regarde s’activer de loin.

Après un été bien calme, ça s’est tendu à la rentrée. Fin août, le terrassement du jardin semble approcher. Les assemblées pour la défense du jardin réunissent de plus en plus de monde. Cinquante, cent personnes. Des jeunes de 20 ans découvrent cette lutte par Facebook. La cause est devenue métropolitaine, on parle des jardins comme de la prochaine Zad – zone à défendre.

Certains ont voulu y croire, et le paient cher depuis. Ils n’ont rien fait de mal, juste tenté une nuit, entre le 4 et 5 septembre de rentrer dans la maison du jardin. Manque de bol, les flics passaient à côté pour une autre histoire et les ont embarqués puis leur ont sorti le grand jeu. 60 heures de garde-à-vue et un contrôle judiciaire salé : interdiction de se voir, de sortir entre 20h et 7h et obligation de chercher du boulot, pour une durée indéterminée en attendant le jugement.
Pour avoir voulu squatter un jardin ? Parfaitement, et sans aucune dégradation en plus.
Alors on a demandé au procureur ce qui lui avait pris et il nous a répondu :
« Compte tenu de la gravité des dégradations par incendie attribuées à l’ultra gauche libertaire dans la région grenobloise depuis quelques années et revendiquées par elle, l’interpellation de 6 personnes se cachant à proximité d’une voiture à la plaque d’immatriculation dissimulée et d’un grillage découpé, trouvées avec différents outils et refusant de donner leur identité et d’être signalisées, justifiait leur garde à vue, leur mise en examen, leur contrôle judiciaire et la poursuite de l’enquête.  »

Cette nuit-là, les six jeunes gens avaient en effet dissimulé les plaques de leur voiture et communiquaient avec des téléphones aux cartes prépayées, sans que leur nom apparaisse. « C’est connu que c’est un bon moyen de pas se faire repérer d’avoir un portable pas relié à ton identité. Ce qui est ironique c’est que c’est cette volonté de nous protéger qui nous a fait tomber.  »

Quand je rencontre Agathe (pseudo), je me demande comment elle a pu inquiéter le procureur. Elle a 26 ans et n’a mis qu’une année à passer du statut d’écolo étudiante en lettres à celui « d’ennemi de l’état  » : « Nous militants “petits blancs” on prend dans une moindre mesure conscience de la répression que vivent les habitants des quartiers populaires... Je me projetais vachement dans ouvrir ce lieu, créer une vie de quartier chouette. Faire vivre et grandir la lutte des jardins et que les gens du quartier viennent, et avoir une grosse vie de coloc et cultiver. Je me souviens des aprèm’ au jardin, les mains dans la terre je me dis wha ! Je pourrais passer ma vie à faire ça. J’ai un lien sensible, un attachement émotionnel au lieu, je voulais y habiter et le défendre. Si on faisait pas ça le jardin était détruit. »

On est quand même bien plus proche du babacoolisme que du terrorisme, même si cette expérience va marquer Agathe : « Pendant la garde-à-vue j’étais déboussolée, à terre, là plus le temps passe plus j’ai la rage, l’enseignement que j’ai tiré c’est pas du tout de me soumettre. S’ils nous empêchent de défendre notre avenir, j’ai juste envie de me battre deux fois plus. Mes parents s’inquiètent beaucoup pour mon avenir pro, à cause du casier judiciaire. Moi je m’inquiète pour mon avenir d’être vivant qui a besoin de se nourrir, de respirer. Un avenir qui a plus d’importance que mon avenir professionnel.  »

Pour la Zad c’est donc plutôt mal barré, surtout que les vigiles sont maintenant sur place constamment et appellent prestement les flics en cas d’intrusion. Le dimanche 13 septembre, les jardiniers se retrouvent devant le terrain sous un barnum. Du café, des gâteaux, il fait chaud et pas moyen d’arroser. De l’autre côté du grillage, les vigiles goûtent à leur plus belle mission. Garder un verger. Rester assis à l’ombre et dans la fraîcheur de la végétation. Passer des coups de fil ou écouter de la musique. Il y a une part moins réjouissante. Les nuits dans la bagnole, les contrats précaires et la pression du client. À toute incursion sur le terrain, ils doivent sonner la police.
Ce jour-là justement, des jardiniers décident de passer outre parce que rester en dehors des jardins alors que des camarades sortent tout juste de garde-à-vue, que les légumes ont soif et que les figuiers croulent sous les fruits, c’est pas possible. Ils entrent par un trou du grillage, ignorent les ordres des vigiles, sortent les arrosoirs, actionnent la pompe, cueillent les fruits, tout ça prend dix minutes. Et puis déjà les sirènes des flics approchent, mais tout le monde a regagné le talus qui borde le chemin de fer.

Trois camionnettes quand même. La brigade de surveillance du territoire (BST) est tout étonnée d’être là. «  Il vous faut combien de temps pour arroser, demande une flic, une heure, une heure et demi ?  ». Ses collègues appellent leur chef pour négocier notre entrée sur le jardin, leur chef appelle le maire qui refuse.

Il y a deux ados qui traînent là. On cause. À peine plus vieille qu’eux une militante les branche : « Ils sont beaux ces jardins, non ? Ils vous plaisent pas ? »
« Bof. Les cabanes elles ressemblent à rien, c’est même pas les mêmes planches… »
Un flic de la BST s’approche d’eux, alors j’y vais aussi.
Ils ironisent, contents d’avoir trouvé un public. Nous. Des flics. Ils fanfaronnent. «  Ici c’est pas un terrain de foot qu’il nous faut, c’est un terrain de shit ! Ça vend ici monsieur, wallah...  » Le flic est placide : « Je connais pas, moi je suis sur Échirolles. - Échirolles ? Mon oncle il habite là-bas c’est lui qui vend tout. - On doit le connaître alors ? -Non, pas possible. Personne le connaît, on le voit pas.  » Et puis le gosse se ravise : « Je rigole monsieur, on est des gentils dans la famille. » «  - Bah, y’a pas de gentils, pas de méchants. c’est plus complexe, » analyse le flic.

Les ados repartent, le flic se renseigne. «  Il va se passer quoi sur ce terrain ?  »
Je dois redire ce que la Métropole n’a pas compris. Que bâtir des barres d’immeubles sur les dernières terres agricoles du quartier contredit les beaux discours contre l’artificialisation des terres. Que même face à l’imminence du terrassement, on juge utile de rester là pour le principe. Le flic comprend mieux que la Métropole mais juge qu’il s’agit d’histoires de gros sous. « Nous on applique les ordres, on met nos opinions de côté. »

Sa collègue se plaint de la dégradation des conditions de travail, de la politique du chiffre qui continue insidieusement, officieusement, à coup de remontrances en fin d’année pour les flics moins zélés, et des effectifs en baisse. J’ai l’impression d’entendre le même dépit que celui des hospitaliers. « Pourquoi vous manifestez pas avec eux alors ? - On a pas le droit de faire grève. » C’est pas une raison pour les gazer dans les manifs, je me dis, mais je garde ça pour moi, lâchement. Elle doit avoir mon âge dont déjà vingt ans dans la police – une grosse moitié de sa vie – et comme 95 % de ses collègues selon elle, envie de foutre le camp. « Mais on est comme tout le monde, on a des crédits à payer. » C’est dingue, même les flics se plaignent dès qu’on les écoute. Tout le monde se plaint dans ce pays.

Les flics repartent rassurés, apparemment on ne va pas faire d’émeute.

«  Ça sert à rien, franchement, revenez pas monsieur. Ils vont tout raser.  » Un des ados revient avec sa trottinette électrique. «  Ou alors ce qu’il faut ici c’est un terrain de foot, et des arbres autour, suggérait l’ado. Là d’accord.  » La militante jardinière abonde. On aurait pu tomber d’accord, même avec des flics ou avec des ados, mais c’est au-dessus que ça coinçait.

Pourquoi certains, certaines s’engagent dans des voies si opposées avec tant de certitudes contraires ? Pourquoi d’autres ne s’engagent en rien, passagers blasés de l’existence ? Je relis Terre des hommes à la recherche d’un autre vieux souvenir qui me parait éclairer cette zone d’ombre de la psyché humaine : «  C’est peut-être pourquoi le monde d’aujourd’hui commence à craquer autour de nous. Chacun s’exalte pour des religions qui lui promettent cette plénitude. Tous, sous les mots contradictoires, nous exprimons les mêmes élans. Nous nous divisons sur des méthodes qui sont les fruits de nos raisonnements, non sur les buts : ils sont les mêmes. Dès lors, ne nous étonnons pas. Celui qui ne soupçonnait pas l’inconnu endormi en lui, mais l’a senti se réveiller une seule fois dans une cave d’anarchistes à Barcelone, à cause du sacrifice, de l’entraide, d’une image rigide de la justice, celui-là ne connaîtra plus qu’une vérité : la vérité des anarchistes. Et celui qui aura une fois monté la garde pour protéger un peuple de petites nonnes agenouillées, épouvantées, dans les monastères d’Espagne, celui-là mourra pour l’Église.  »

Autour de moi la phrase ne convainc pas tout le monde. « Mouaih, je suis pas sûr quand même que l’anarchiste et le phalangiste poursuivent le même but » me dit Nicolas. Il a pas le temps de s’étendre ni moi de répondre. C’est frustrant. S’agit-il de convaincre ou simplement de voir quelles portes cela ouvre ? La phrase parle de celui – et ajoutons : celle – qui ne soupçonnait pas l’inconnu endormi en lui – ou elle. Elle ne parle pas d’un anarchiste convaincu mais d’un compagnon d’infortune, pas du phalangiste forcené mais d’une sentinelle s’étant trouvée là, plutôt qu’en face, à connaître la peur, le frisson, et une forme d’utilité, se sentant exister enfin.

Il nous faut bien chercher à comprendre comment autant de flics peuvent se trouver réunis là devant ce jardin, à nous barrer le passage, à moins de leur refuser une part d’humanité.

Ce 19 septembre cent cyclistes roulent de Grenoble à la Buisserate, en vélorution « contre la ré-intoxication du monde ». À l’arrivée il y a dix camions de CRS et peu de chances d’arroser le jardin. Une militante du collectif Avenir des terres dit quelques mots au micro : « ce n’est pas si étonnant qu’on nous oppose tant de forces, tant les intérêts que nous combattons sont énormes.  » Peut-être les CRS sont-ils en train de protéger de tout cœur un peuple de petites nonnes agenouillées ? 

Ces nonnes épouvantées seraient la Cogédim (le promoteur immobilier qui va construire les immeubles), l’EPFL (Établissement public foncier local – actuel propriétaire), la mairie de Saint-Martin-le Vinoux et son jeune maire Sylvain Laval, épouvanté par le chaos, par la perspective d’une Zad, par la mort du bon droit face aux agitateurs. Les nonnes seraient aussi les flics, tel ce commissaire aux chaussures pointues et au costume impeccable, défenseur d’une propriété privée et fin connaisseur du code pénal. Il se tient devant le cordon de CRS mais on voit bien que ce sont eux qui veillent sur lui, si rigide et fragile. « Pourquoi vous n’allez pas en montagne ? Il y a plein de beaux paysages en montagne  ». Les gens qui ont décidé de raser le jardin, « ils sont élus. Il fallait voter si vous n’étiez pas d’accord.  » Je suis effaré. Je voudrais que Saint-Exupéry entende ça et me dise droit dans les yeux qu’il arrive à garder de l’empathie pour ce type en costard. « Les riches ils y vivent déjà en montagne, je lui dis. Ils sont à Clémencière et ils ont des jardins, et des beaux paysages autour. Là, c’est chez les pauvres qu’on bétonne le dernier jardin du quartier, pas à Clémencière.  » Ça lui est égal. Ça leur est égal.

Mais mourraient-ils pour ce peuple de nonnes agenouillées quand les nonnes elles-mêmes ont perdu la foi ?

Je ne vois pas comment accéder à la Cogedim, à l’EPFL ou à la Métropole. Pour explorer les contradictions du dossier, il me reste le maire, dernière figure incarnant l’autorité dans ce mille-feuille administratif métropolitain qui en compliquant la lecture rend le pouvoir inaccessible.

Vous vous rappelez de l’élection de Macron ? À ce moment-là la Zad de Notre-Dame-des-Landes était encore active, car le projet d’aéroport n’était pas enterré. Et ce président si jeune, si lisse, je le plaignais. Je me disais qu’à son âge, il aurait plus appris sur lui-même en squattant à Notre-Dame-des-Landes qu’à l’Elysée. Je crois que Macron ne soupçonne pas l’inconnu endormi en lui, pas plus que Sylvain Laval. Il leur reste une chance de le découvrir mais on peut craindre le pire : que cet inconnu endormi n’existe pas et que ces personnages soient sans profondeur, sans for intérieur car le plan de carrière occupe toute la place.

Je lui ai demandé quand même à Sylvain Laval, deux fois même, mais il n’a pas compris ma question. C’est comme ça que j’ai découvert qu’il n’y avait rien à l’intérieur. Je lui ai demandé, à la suite d’une rencontre avec des habitants le 30 septembre : « Est-ce que à un moment, en vous rendant sur ce jardin, vous vous êtes dit “on fait une erreur” ?  » Réponse : « Si ce que vous demandez c’est, “est-ce que je suis sensible à l’environnement,” oui bien sûr. Et si aujourd’hui on prenait le projet à zéro, on le ferait autrement. Mais la commune n’a ni les moyens, ni l’envie de s’opposer à ce projet. Il y a un permis de construire, le promoteur pourrait décider de tout abandonner mais je n’ai pas la main dessus.  »

Je lui ai re-expliqué ma question, pour la forme : il n’avait pas compris. Il m’a redit la même chose. On ne se comprenait pas. Je ne comprenais pas comment un être avec un for intérieur aurait pu venir au beau milieu de ce terrain, fouler ce sol et voir ces arbres, et ne pas se dire : «  Nous commettons une erreur, car ce jardin est la dernière terre nourricière dans le bas de ma commune, et rien ne poussera plus sur le béton.  » Mais non. Il dit que tout ne sera pas bétonné, qu’il restera des jardins, qu’il faut des logements sociaux, qu’il ne faut pas caricaturer.

N’empêche qu’il n’a pas compris ma question.

N’empêche que l’aéroport de Notre-Dame des Landes est mort malgré les protestations vigoureuses de tout un peuple de nonnes agenouillées, épouvantées, proclamant que c’était trop tard pour revenir en arrière !

Notes

[1On parlait de la Buisserate dans les Postillon 49 (« L’arbre va tomber ») et 54 (« Les Kiwis font de la résistance »). Le titre du présent article est librement inspiré d’un reportage de Saint-Exupéry pendant la guerre d’Espagne, publié par l’Intransigeant qui titrait en Une : «  Ici, on tue comme on déboise. »