On a beaucoup entendu parler de Minatec il y a quelques années, avant et au moment de son inauguration en Juin 2006. Ses promoteurs s’extasiaient alors à longueur d’articles sur ce futur « premier centre européen pour les micro et nanotechnologies », allant tirer l’agglomération grenobloise vers le haut de la compétitivité internationale. Ils assuraient que les nanos développées à Minatec allaient « révolutionner nos vies ». Une « révolution » imposée que les opposants dénonçaient, pointant le « projet de société totalitaire » derrière le développement des nanos ou la débauche d’argent public. Depuis, 3 ans ont passé sans qu’on ne sache vraiment ce qui se passe à l’intérieur de Minatec. Dur de trouver la vérité entre articles de communication et rumeurs de bistrot, de savoir vraiment ce qui se produit là-dedans, puisque en tant que simple habitant, on ne peut pas y entrer et le visiter. Un mystère entretenu par les chercheurs qui ne s’épanchent guère sur leur quotidien, surtout quand il est critiqué. Une étudiante aux Beaux-Arts a eu l’occasion, dans le cadre de ses études, de visiter une partie du centre. Elle nous raconte ce qu’elle en a retenu et les réflexions que cela lui a inspirées :
« L’entrée dans l’institut donne le ton : papier d’identité obligatoire et prise d’une photographie instantanée avec un beau sourire grâce à une petite caméra posée sur le comptoir de l’hôtesse d’accueil ; le tout est alors scanné et accroché à la veste de chacun.
La visite commence par la découverte d’une salle appelée le « show-room » et dans laquelle sont rassemblés les différents projets en cours sous la forme de maquettes, de photos ou encore de démonstrations vidéos. Le premier projet nous montre un mannequin dont le sweatshirt est muni d’une puce vestimentaire. Cette puce intégrée au tissu permettrait la lutte envers la contrefaçon ou encore le stockage de diverses informations concernant l’être humain tels que son identité, sa carte vitale...etc. « Ces puces sont de plus en plus petites, chacune ayant de plus en plus de fonctions et étant de plus en plus intelligentes » nous explique-t-on. Des puces vestimentaires aujourd’hui, des puces sous la peau demain ? Le second projet, nommé « Route intelligente », présente une route, capable grâce à l’installation, dans sa structure, de capteurs ultra performants de régler la signalisation et le trafic routier. Le troisième, nommé « Tableau communicant », entend défendre les œuvres d’art. Le cadre de chaque tableau contient diverses informations concernant chacune des œuvres ainsi que des capteurs permettant la traçabilité des tableaux et donc la sécurisation des collections. Tremblez faussaires !
Les nombreux autres projets du « show-room » sont semblables aux trois premiers et entendent tous développer au maximum les technologies afin de les immiscer dans chaque détail de la vie quotidienne. Ainsi, un de ces projets touche au domaine médical et au développement de capteurs de mouvement, de position et d’inclinaison avec la possibilité de retransmettre des informations sur la remise en forme d’un individu. Par exemple, ces capteurs seraient utilisés en kinésithérapie pour le monitoring soit la rééducation d’une personne et le rôle de ces capteurs sera de déterminer si oui ou non l’individu a retrouvé la capacité physique habituelle de ses membres. On nous a aussi parlé de capteurs capables d’améliorer les jeux vidéos et loisirs numériques dans le but d’atteindre une réalité virtuelle des plus pointue. A-t-on besoin de tous ses capteurs ? Peut-être en médecine mais le reste c’est juste du gadget et n’a aucune réelle utilité.
A la fin de cette visite, beaucoup de questions affluent dans ma tête : Quel est le but réel de tous ces projets ? Ont-ils un sens dans un monde qui commence à montrer ses limites physiques ? Pourquoi continuer sans cesse à créer des besoins, à courir derrière le progrès au lieu de changer nos façons de vivre et d’arrêter cette course effrénée aux nouvelles technologies, aux bénéfices et au prestige ? »