On les avait déjà vu apparaître sous l’ère Destot, notamment à une réunion sur le futur de la place Saint-Bruno (voir Le Postillon n°23). Mais depuis l’élection d’Éric Piolle, ils sont omniprésents : les post-it. À presque chaque machin participatif ou « co-constructif », le public est invité à répondre à des questions généralement sans intérêt sur des bouts de papier de quelques centimètres carrés. C’est l’esprit Twitter transposé dans le monde réel : cent quarante caractères, pas plus ! Pour le « chantier des cultures », organisé le 8 décembre dernier au théâtre municipal, ça n’a pas manqué. La grand-messe bondée où se sont pressés tous les cultureux en demande de subventions a débuté par trois phrases que chacun devait compléter sur un post-it. « Aujourd’hui la culture à Grenoble, c’est... » ; « En 2016, je voudrais que les cultures à Grenoble soient... » et « dans quel état d’esprit suis-je venu ce soir ? ». Une fois les bouts de papier des six cent personnes présentes remplis et ramassés, de valeureux copistes se sont échinés toute la soirée à rentrer tous ces mots dans des ordinateurs. Le résultat fut un bide monumental, sans pour autant recevoir les huées méritées pour ce genre d’échec arrivant dans un théâtre. À la fin du « chantier » des nuages de mots ont été projetés, sur lesquels étaient lisibles uniquement les réponses revenues le plus souvent. Toutes les réponses originales, donc potentiellement intéressantes, étaient littéralement illisibles, donc n’existaient pas. Fallait-il y voir un symbole pour les futures politiques culturelles grenobloises ? Ou simplement une incitation à ne pas se démarquer et sortir des clous de la pensée « co-construite » ? À bas les post-it, vive les post-illons.