Accueil > Juin 2010 / N°06

Glaviots dauphinois

Le «  produit Grenews  »

Impossible de passer à côté du centième numéro de Grenews, le gratuit grenoblois lancé par le groupe Le Dauphiné Libéré (voir «  Pourquoi le Daubé est-il daubé », Le Postillon N°4). 60 000 numéros tirés au lieu de 40 000, et des pubs dans les sucettes de la ville pour marquer cet événement majeur. Le «  produit Grenews  » ne manque pas de thune.
La page 32 de ce numéro titre : «  Pourquoi ils ont choisi Grenews ?  ». On imagine un énième micro-trottoir de lecteurs. Pas du tout ! Grenews donne la parle à ses annonceurs : directeurs et responsables d’entreprises lèchent les bottes de l’hebdomadaire tout en expliquant les raisons pour lesquelles ils paient le journal pour déverser leur pub.
Les journalistes de Grenews tendent le micro à l’office de tourisme de Chamrousse, les Galeries Lafayette, Géant Casino, RPO (producteur de concerts), les Brûleurs de Loups (partenaire sportif de Grenews), Univeria (école privée), la Chambre de commerce et d’industrie et la ville de Grenoble. Attention à ne pas froisser ces annonceurs, sinon on retire la pub. Une conception discutable du journalisme.
Juste en face de cet espace publi-rédactionnel : une pleine page pour la radio France Bleu Isère.
Ça tombe bien : en ce 5 mai, jour de sortie du numéro 100, qui est donc interviewé sur France Bleu ? Stéphane Echinard coordinateur éditorial de Grenews. Une interview fleuve de plus de 7 minutes. Un cours de marketing comme seul Echinard semble en avoir le secret. En l’espace de 3 minutes et demie, le journaliste réussit à placer 4 fois le mot «  produit  » pour nommer le canard qu’il anime. Exemple : «  On a tenté des choses au début et ça pouvait mettre en péril le modèle économique. Le but de ce produit là c’est qu’il soit à l’équilibre, voire un peu mieux  ». «  Le modèle économique  » avant l’information ? Le journaliste de France Bleu, séduit par le cours d’économie de Stephane Echinard, finit par délaisser les mots «  journal  » et «  information  » pour lui poser une dernière question : «  pour le numéro 200, qu’est-ce que vous attendez de ce produit Grenews pour parler en terme économique ?  »