Il y a cinq ans, Michel Destot, dépité-maire, se vantait de « ne pas avoir la religion de la vidéosurveillance » (Le Daubé, 11/10/2005) et - de fait - la municipalité ne cédait pas totalement à la tentation sécuritaire en limitant l’installation de caméras, contrairement à d’autres villes socialistes comme Lyon. En janvier dernier, le maire Destot et l’adjoint aux caméras Jérôme Safar ont finalement cédé aux pressions de la préfecture en installant des « dômes 360° » sur le parcours des manifestations, mais en cachette, sans le dire, comme s’ils avaient honte d’appliquer les recettes de la droite. Depuis, toute gêne a disparu et le tournant sécuritaire est complètement assumé par l’édile Safar et son idole Destot, qui se sont permis d’annoncer en conférence de presse – sans en avoir parlé aux autres adjoints municipaux – la généralisation de la vidéosurveillance à tous les bâtiments municipaux : écoles, bibliothèques, centres sociaux.... Ceci alors que quelques mois auparavant, ils juraient que l’installation de caméras dans les quartiers de la Capuche, du Village Olympique et du Jardin de Ville, était une expérimentation qui serait soumise à une évaluation avant d’être généralisée... Bref, on mesure aujourd’hui l’ampleur du foutage de gueule et l’inutilité du comité d’éthique mis en place, composé exclusivement d’amis de Destot.
Mais ce tournant en dit également long sur l’état intellectuel de la gauche qui, depuis les évènements villeneuvois de cet été, a pour unique ambition de paraître comme aussi sécuritaire que la droite. Destot, qui cumule les principaux défauts des leaders du PS, (le libéralisme de DSK, le sécuritarisme de Valls et le lyrisme de Royal) est beaucoup plus vexé quand l’UMPiste Estrosi le traite de « laxiste » que quand il est nominé aux Big Brother Awards. À Grenoble et ailleurs, les socialistes ont définitivement choisi leur camp dans la bataille des idées autour de la sécurité.