Accueil > Avril 2010 / N°05

Edito

Amour, glaires et beauté

Connaissez-vous Mister Brown ? C’est le meilleur vendeur à la criée de toute la cuvette grenobloise. Inlassablement motivé, il vend Le Postillon et d’autres journaux sans pub par monts et caniveaux. En manif comme sur le marché, la voix toujours claironnante même face à l’hostilité. Il a poussé le défi jusqu’à tenter de vendre des Postillon devant l’entrée du meeting du P.S. aux régionales, le 11 mars à Alpexpo. «  Va te faire foutre  », «  C’est un torchon  », «  C’est ça, dégage...  » : le mépris et l’indifférence rencontrés ont parfois dérapé en insultes, résonnant comme autant de compliments pour toutes les petites mains du Postillon. Un peu plus loin, d’autres militants socialistes réagissent à cette «  provocation  » : «  Ils font vraiment n’importe quoi, qu’est-ce qu’ils croient ? Qu’on va acheter leur merde ?  » « Ils font partie des anti-tout, critiquent tout ce que fait Michel, n’ont pas de respect... »
L’ouverture d’esprit et la capacité à entendre des critiques des socialistes font toujours plaisir à entendre. Mais le plus frappant, c’est cette volonté de faire comme si tout ce qui les dérange n’existait pas. Le dernier numéro du Postillon a révélé l’installation en douce de nouvelles caméras par la mairie de Grenoble.
Depuis, plus de 1000 exemplaires du journal ont été achetés et l’article a été largement diffusé sur internet. Mais aucune réaction de la part de la municipalité. Michel Destot est allé jusqu’à nier en public l’existence de ces caméras, alors que nous l’avons démontrée, photos et contrats à l’appui. Pour répondre à ce silence, on enfonce encore le clou dans ce numéro avec un nouveau dossier sur la vidéosurveillance.
Pour les élus, comme pour le reste des élites locales, nous n’existons pas.
Notre manque de «  respect  », c’est à dire de servilité, signifie qu’on ne fait pas partie de leur monde, celui des petits fours et des copinages entre amis industriels, politiques et médiatiques. On ne s’en plaint pas, on s’en réjouit plutôt. Pour ces gens-là, peu importe la pertinence de vos écrits ou le sérieux de votre travail. Non, la seule chose qui compte, c’est l’aptitude à faire preuve d’empathie, de gentillesse et de «  respect  » envers eux. Des comportements que nous laissons bien volontiers à la plupart des journalistes locaux.
Les dirigeants grenoblois veulent se couvrir de gloire, Le Postillon continuera à les couvrir de glaires.