Depuis deux ans et demi, Christophe Ferrari doit faire face à une grande baisse de son pouvoir d’achat. En septembre 2022 (Le Postillon n°66), notre journal révélait, grâce aux informations de son ancien directeur de cabinet, que le président de la Métropole utilisait abusivement la voiture de service mise à sa disposition par la collectivité. En clair, il l’utilisait pour des vacances et autres déplacements privés, ce qui lui permettait de faire d’importantes économies. Les informations délivrées par l’ancien directeur de cabinet ont entraîné l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Grenoble pour « détournement de bien par personne dépositaire ou chargée d’une mission de service public ». Si l’enquête est toujours en cours, n’empêche que depuis, Christophe Ferrari, qui touche – en cumulant son salaire de professeur des universités et ses indemnités de maire de Pont-de-Claix et président de la Métropole – à peine 10 000 euros net par mois doit payer de sa poche tous ses déplacements perso... Le pauvre.
Heureusement, depuis l’année dernière, Ferrari a trouvé une autre source de revenus : il a décidé de louer une des maisons qu’il possède dans la petite commune montagnarde de Valjouffrey. Il y a encore quelques années, le président de la Métropole se rendait régulièrement dans cette petite maison familiale. Christophe Ferrari aime pêcher dans les rivières du coin, participe chaque année à l’ouverture de la chasse. Et puis il y a les souvenirs de jeunesse, sa mère qui possède aussi une maison... Mais après avoir eu des jumeaux, Ferrari et son compagnon se sentaient un peu à l’étroit dans leur petite maison, alors ils en ont racheté une autre, dans le même hameau de la Chalp.
Comme tous ses contemporains ubérisés, Ferrari a vite réfléchi aux revenus qu’il peut tirer de sa petite maison inutilisée : alors l’été dernier, il la met à louer sur Airbnb. Pourquoi pas, si le modèle de société promu par cette multinationale correspond à ses valeurs ?
Le problème, c’est que cette nouvelle responsabilité le stresse et l’oblige à être un peu désagréable vis-à-vis des voisins. Car dans la maison d’à côté, le propriétaire Serge a décidé d’aménager un appartement et a embauché en juillet 2024 un artisan pour faire quelques travaux en semaine. Ces travaux ont commencé mi-juillet par des activités bruyantes, comme du marteau-piqueur, mais se déroulent aux horaires légaux et ne posent aucun problème, d’autant que sa maisonnette n’est pas occupée. Fin juillet 2024, Serge reçoit des coups de fil de Ferrari lui ordonnant de « suspendre les travaux pendant trois semaines en août ». La raison invoquée ? « Il m’a dit que des amis à lui avec enfants allaient venir et qu’il ne fallait pas qu’il y ait du bruit. Je lui ai dit que ce n’était pas très bruyant mais lui ne voulait rien savoir... Il était en vacances en Espagne, un de ses amis du village lui avait dit qu’il y avait du bruit, et il voulait à tout prix qu’on arrête tout. » [1]
Après avoir discuté avec l’artisan, qui ne pouvait pas reporter les travaux prévus, Serge décide de continuer. Quelques jours plus tard, l’artisan voit arriver deux gendarmes de La Mure (à une demi-heure de voiture), qui avaient été « appelés » par Christophe Ferrari et qui constatent juste que les travaux sont faits dans les règles, aux horaires légaux et que le chantier peut continuer.
Serge tentera de contacter la gendarmerie pour discuter avec eux de l’objet de ce déplacement mais ne sera jamais rappelé. Par contre, en discutant avec les occupants de la maison, il se rend compte qu’il ne s’agit pas du tout d’« amis » de Ferrari, mais de locataires Airbnb. Sur le site de la multinationale, on peut en effet trouver une annonce correspondant, même si elle n’est pas au nom du président de la Métropole mais de son compagnon Rafael. 135 euros la nuit pour trois lits et « un havre de tranquillité confortable avec des paysages à couper le souffle autour ».
Mais pourquoi ne pas avoir prévenu ses voisins de la nouvelle destination de cette maison ? Le site d’Airbnb conseille pourtant : « Il est en principe préférable d’informer vos voisins que vous prévoyez d’accueillir des voyageurs. » Finalement, donc, les travaux ne se sont pas arrêtés en août et les différents locataires Airbnb de Ferrari ne se sont plaint d’aucune nuisance due à ces travaux. Sur les « avis » postés sur le site, on trouve plutôt des plaintes à propos du manque de ménage ou des « remontées malodorantes »…
En dehors de l’anecdote, cet épisode est assez révélateur du sentiment de toute-puissance qui habite Christophe Ferrari, s’estimant en droit d’interrompre des travaux pour ses intérêts personnels (et dérangeant même la gendarmerie). Vexé que ses voisins n’aient pas accédé à ses demandes, il leur a depuis écrit un courrier (« comportant des erreurs sur les propriétaires de parcelles et autres approximations » selon Serge) pour chicaner sur une limite entre leurs deux propriétés.
Apparemment, Christophe Ferrari aimerait d’ailleurs tirer plus d’argent de ses terrains, en s’activant pour que certains d’entre eux passent constructibles, comme on l’apprend dans les bulletins municipaux de la commune. En 2018, la commune de Valjouffrey, qui dépendait jusque-là de la réglementation nationale d’urbanisme, a voulu se doter d’une « carte communale » (sorte de plan local d’urbanisme), définissant notamment les zones constructibles et les autres. Mais le projet de carte ne convenait pas aux « consorts Ferrari » (Christophe, sa mère Jacqueline et son frère Philippe) parce que certains de leurs terrains n’étaient pas classés constructibles. Alors les consorts ont déposé une requête au tribunal administratif demandant l’annulation de la carte communale. Requête qu’ils ont gagnée, à cause de détails juridico-techniques (comme l’absence de bilan de la concertation préalable...), aboutissant à l’annulation de la carte communale et au remboursement par la commune de leurs frais de justice [2]. Si ses terrains finissent par passer constructibles un jour, Christophe Ferrari y construira-t-il plein de nouveaux logements destinés à la location Airbnb ?
Toujours aucune nouvelle de « l’inventaire »
En octobre 2022, suite à « l’affaire » de sa voiture de fonction, Christophe Ferrari avait affirmé : « J’ai ainsi demandé à ce qu’un inventaire soit réalisé pour régulariser, sans délai, tout ce que je dois payer. Cette régularisation est en cours. » Deux ans et demi plus tard, on demeure sans nouvelle de cet « inventaire ». Ferrari-a-t-il tellement de dettes pour qu’un tel exercice prenne autant de temps ? Ou finalement la Métropole présidée par Christophe Ferrari aurait-elle décidé d’oublier les dettes de Ferrari Christophe ?
En octobre 2022, suite à « l’affaire » de sa voiture de fonction, Christophe Ferrari avait affirmé : « J’ai ainsi demandé à ce qu’un inventaire soit réalisé pour régulariser, sans délai, tout ce que je dois payer. Cette régularisation est en cours. » Deux ans et demi plus tard, on demeure sans nouvelle de cet « inventaire ». Ferrari-a-t-il tellement de dettes pour qu’un tel exercice prenne autant de temps ? Ou finalement la Métropole présidée par Christophe Ferrari aurait-elle décidé d’oublier les dettes de Ferrari Christophe ?