« Criminologue réputé, intervenant souvent dans les médias, Xavier Raufer est directeur des études de département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines (Université Paris II - Panthéon-Assas). » Voilà ce que l’on pouvait lire dans les médias locaux et sur le site internet du festival de Géopolitique et de Géoéconomie (organisé par l’école de management de Grenoble et les PUF) pour présenter l’un des intervenants. Pas un mot sur le passé, le parcours et les relations du bonhomme qui est pourtant l’un des artisans de l’idéologie sécuritaire et qui sévit dans les médias en s’étant autoproclamé « expert ».
C’est dans le livre de Mathieu Rigouste « Les Marchands de la peur. La bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire » que l’on a puisé pour faire plus amplement connaissance avec le personnage. Son curriculum vitae affiche ainsi une participation à la fondation Occident, une organisation se réclamant d’un « nationalisme blanc et chrétien », une participation à la fondation d’Ordre Nouveau - traduction d’« Ordine nuovo », mouvement d’activistes néofascistes impliqué dans la stratégie de la tension en Italie -, une candidature à la mairie de Paris sous cette étiquette Ordre Nouveau. Raufer se recycle ensuite dans le journalisme (notamment à L’Express) et s’autoproclamera « ‘‘expert’’ de ‘‘l’islamisme’’, de ‘‘l’immigration’’, de la ‘‘délinquance’’ puis des ‘‘violences urbaines’’, de ‘‘l’insécurité’’ et de la ‘‘criminalité’’ ». Il se sert ainsi de cette prétendue expertise pour publier des dizaines de livres, donner des conférences ou faire des billets sur des sites comme Le Huffington Post ou Atlantico. Et Mathieu Rigouste de résumer : « Xavier Raufer illustre la superposition des réseaux de l’anticommunisme et de la pensée sécuritaire, mais aussi la récupération dans les médias, l’administration, l’Université, la police et l’armée d’une génération de militants d’extrême droite réhabilités et autorisés à promouvoir quotidiennement leurs idées au sommet de l’État et dans les grands médias »... et à l’école de management de Grenoble cette année comme il y a deux ans.