Voilà quelques mois, on croise Dorian, un ami apiculteur qui commence à vendre sa production sur certains marchés de l’agglomération. Toujours en quête de nouveaux points de distribution, on lui propose de vendre Le Postillon sur son étal – ce qu’il accepte. Voilà quelques semaines, on le recroise, et il avait presque tout vendu, même si on lui avait interdit de le faire sur le marché de Séchilienne. Pourquoi donc ? On a eu Cyrille Plenet, la maire de cette petite bourgade de mille habitants à une trentaine de kilomètres de Grenoble, au téléphone : « Comme d’autres communes, on a perdu successivement tous nos commerces. Comme on a pas mal de personnes âgées isolées sur notre commune, on s’est dit que c’était important de proposer un marché et on l’a lancé en novembre dernier. On a fait un règlement du marché, où un point stipule qu’il ne peut pas y avoir de prosélytisme religieux ou politique en dehors des périodes électorales. » Quel rapport avec Le Postillon, qui ne fait pas du prosélytisme politique, mais prétend juste apporter de la matière à réflexion ? « Des habitants de sont plaints de la présence de votre journal sur un stand. C’est pour ça qu’une élue est allée voir le producteur pour lui dire que ce n’était pas possible de vendre Le Postillon. » La maire évoque ensuite le contexte politique de la commune, les 30 % de vote au rassemblement national, et le climat « un peu difficile depuis un an » avec un militant de cette mouvance. « On veut avant tout que l’ambiance s’apaise, ce qui est en train de se faire, et que notre marché fonctionne bien et se pérennise. » Pour avoir une ambiance « apaisée », faut-il interdire toute prise de position, toute publication originale ? Aujourd’hui, alors que les débats politiques se déroulent généralement uniquement en virtuel et dans l’hystérie des réseaux sociaux, il paraît sage de plutôt favoriser les espaces de débat dans la vraie vie plutôt que de fuir les potentielles confrontations. « Peut-être qu’on s’est prémuni de trop de choses avec ce règlement » s’interroge la maire. En espérant qu’une fois le marché de Séchilienne « pérennisé », il y soit possible, non seulement de diffuser notre canard, mais aussi d’avoir des débats et discussions animées sans que cela soit grave.
Le Postillon ?
Le journal papier Le Postillon
Après avoir existé entre 1885 et 1886, Le Postillon a ressurgi depuis mai 2009, avec pour unique business plan d’occuper le créneau porteur et néanmoins complètement délaissé de la presse locale critique. Devant l’ampleur de la tâche, nous nous concentrons sur des sujets locaux et parlons presque exclusivement de Grenoble et sa cuvette. Aucune association, organisation ou parti politique n’est parvenu jusqu’ici à nous convaincre de devenir son journal de propagande. Et malgré les nombreuses sollicitations, nous avons refusé toute entrée dans notre capital : nous sommes donc complètement indépendants.
Le site internet du Postillon
Bienvenue sur un SITE-ARCHIVE. Le Postillon n’est pas un média internet, mais uniquement un journal papier de Grenoble et sa cuvette. À contre-courant de la vague numérique, nous tenons à faire exister avant tout un objet dans la vraie vie, qui sent l’encre et qu’on peut se passer de main à main.
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