Cent seize ans après la création du concours Lépine, le fameux concours français d’inventions, Le Postillon a lancé son propre challenge, dénommé le concours de la noix connectée. À chaque numéro, nous honorons l’innovation grenobloise la plus stupide du moment, celle qui pique le bon sens et la décence ordinaire. Les postulants étant chaque jour plus nombreux, la sélection d’un seul lauréat est un combat acharné ; aussi réclamons-nous votre indulgence.
Motion Recall
C’était censé être le nouveau bijou grenoblois. Rendez-vous compte : « l’ultraréalité virtuelle, la technologie sur laquelle s’appuie Motion Recall, est issue de 10 ans de recherche au sein du CEA Grenoble ». Alors les journaux et les élus s’émerveillaient qu’elle puisse « exister sur un marché convoité par Google et Microsoft ». C’est « un bel exemple de succès » s’extasiait Michel Destot en juin dernier, à propos de cette start-up qui « combine vidéo à 360° et interactivité issue du jeu vidéo ». Après avoir pompé la recherche publique, la start-up avait gratté de l’argent public (dont 70 000 euros de la Métropole) et levé des millions d’euros pour développer sa technologie parfaitement inutile, dont le premier marché aurait été celui des Escape Game. Et puis, patatras : en fait leur « business plan » était complètement foireux, et la boîte vient d’être liquidée. Et comme d’habitude dans ce genre de cas : les médias qui avaient encensé les débuts de la start-up restent très discrets sur cette lose. Il y aurait pourtant beaucoup à dire sur Frédéric Serre, le fondateur et directeur se définissant lui-même comme un « serial entrepreneur ». On se souvient notamment de Delta Drone, la précédente boîte qu’il avait fondée (avant de se faire virer par son associé). À l’époque, Frédéric Serre assurait modestement : « Léonard de Vinci, Saint-Exupéry, Stan Lee, Steven Spielberg, Steve Jobs, ... l’esprit de ces personnages, héros de l’innovation, guide et inspire probablement l’ambition de Delta Drone » (voir Le Postillon n°21). Sûrement ont-ils dû également guider l’ambition de Motion Recall, mais le marché n’est pas reconnaissant avec l’esprit des grands hommes... Remarquons également que le président du conseil de surveillance de Motion Recall était un certain Jean-Claude Lemoine, se définissant lui aussi comme un « serial entrepreneur ». Il se trouve qu’il est également directeur de l’institut de l’entrepreneuriat à Grenoble école de management et qu’il a récemment accompagné trente étudiants de cette école au CES de Las Vegas (le plus grand salon de la high-tech) afin qu’ils « coachent » certaines start-ups grenobloises présentes là-bas. Il aurait peut-être pu leur proposer de « coacher » sa start-up avant, non ?
RSS 2.0