La chimie dans le sud-grenoblois fête ses cent ans ! Youpi, Youpi ! Il paraît qu’elle est même un « tremplin de l’avenir ». Son passé est en tout cas toujours bien présent. Sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix, il y a une ancienne décharge interne de 76 500 tonnes de produits chimiques ! Tout ça a été déposé entre 1956 et 1979. On y trouve notamment, selon le site gouvernemental Basol, « 25 000 tonnes de déchets organiques chlorés », des « déblais contenant des traces de PCB ou d’isomères HCH » et même des « engins militaires enfouis ». De quoi faire un beau tremplin pour l’avenir : même la préfecture admet qu’il y a des « interactions entre les déchets présents dans la décharge et les eaux souterraines ». Slurp. Trente-sept ans après, les différents responsables (l’entreprise Rhône-Poulenc, puis Rhodia et maintenant Solva y) ont soigneusement évité de s’en préoccuper jusqu’à cet automne. Depuis, Rhodia est en train de tester une solution de « remédiation ». L’idée est d’injecter du béton sous la décharge pour contenir les résidus... Comme pour les déchets nucléaires (voir l’article « Irradié, puis radié » dans Le Postillon n°24), la gestion de la merde est confiée à des entreprises sous-traitantes, qui elles-mêmes sous-traitent à d’autres entreprises, qui embauchent des intérimaires. Les responsabilités sont ainsi diluées, les coûts amoindris et les personnes embauchées trop contentes d’avoir du travail pour s’inquiéter du respect des normes de sécurité. À part Yves, qui a décidé de démissionner après avoir travaillé sur ce chantier pendant trois semaines. Chauffeur de poids-lourd, il était embauché en intérim par la petite entreprise Duranton Travaux Publics, qui sous-traite pour Solétanche Bachy, une filiale de Vinci, elle-même embauchée par Rhodia Chimie. Son témoignage raconte les manquements quotidiens à la sécurité sur un site classé Seveso 2.