Depuis que Le Postillon existe (sept ans déjà, l’âge de raison), la contestation sociale est en panne. Hormis le « mouvement des retraites » de 2010, qui a échoué, il n’y a pas eu d’effervescence contestataire dans les rues de Grenoble, pas de grandes manifestations, pas d’élan. C’est un grand manque pour notre journal. Pas d’un point de vue politique, non on s’en fout de ça. Les manifs nous manquent uniquement pour des raisons commerciales. Ce sont les meilleurs moments pour vendre notre produit, ceux qui nous permettent d’engranger le plus de cash flow dans le money time. Et ça s’est encore vérifié lors des manifestations contre la loi Travail des 9 et 31 mars derniers, où on a pu fracasser tous nos records de ventes de numéros à l’heure en atteignant le nombre de 85 (le précédent record, 77 seulement, datait de la manif « je suis Charlie »), soit un toutes les 42 secondes. Alors notre directeur des ventes s’est emballé : « C’est bien les petits, on va pouvoir revoir à la hausse les objectifs annuels. Le problème, c’est que tout ça risque de s’arrêter. Hey les journaleux, vous voudriez pas un peu causer de ce mouvement, comprendre comment ça marche, quelles en sont les limites ? Ça pourra peut-être nous servir pour la suite, pour anticiper les futurs pics de vente. » Bien, chef. Les deux journaleux du Postillon ont donc fouiné autour des manifestations du mois de mars et en rapportent un récit chronologique chaotique.